Wednesday, March 28, 2012

Desolate - Celestial Light Beings



Récemment, on m’a demandé si cela avait un sens de parler d’ambient dubstep. Si je n’ai pas réussi à déterminer la nécessité d’une telle dénomination, j’ai cependant certifié que certains groupes pourraient rentrer dans cette catégorie utopique, et j’ai par la même occasion cité Desolate. Desolate, pour la plupart d’entre nous, c’est un sinistre inconnu (Sven Weisemann de son vrai nom) sur qui la lumière fut projetée lorsqu’il sortit la première release de l’ésotérique Fauxpas Musik, label Bass/IDM/Downtempo hambourgeois que vous n’avez probablement découvert qu’après la parution de l’EP Sevensol & Bender de Scuba en 2010. Pas de quoi casser trois pattes à un canard jusque là. Sauf qu’en 2011, Desolate sort un album, et pas n’importe lequel. Presque un highhlight de l’année, tant on est charmé par les sonorités dub et les réflexions ambient de The Invisible Insurrection. Quelle ne fut donc pas ma surprise quand je découvris au lendemain de cette conversation la sortie de son second long format, Celestial Light Beings. Je me mis aussitôt à l’écoute de ce dernier, et voici plus ou moins mon impression concernant l’œuvre.


Sunday, March 25, 2012

EP de la semaine



Si les travaux de 2562Onmutu Mechanicks ou encore Xhin (chroniqués ici) auraient tous amplement mérité de recevoir la palme, j’ai décidé de privilégier cette semaine la découverte en optant pour un talent de chez Planet Mu injustement sous-médiatisé ces derniers temps, Ital Tek. Le gamin a déjà deux albums largement plébiscités et une mini-pléïade d’EPs derrière lui, et son travail, toujours aussi énorme, commence à avoir une sacrée ampleur. L’année dernière, sa track ‘Gonga’ avait fait pas mal parler d’elle. Il remet ça avec un maxi juste ahurissant, The Planet.




The Planet, c’est du freestyle synthétique sur fond de bass music. On nage en plein délire, en réalité on plonge dans un délirium de beatmaking électronique avec 'The Planet'. La touche dreamy en plus, ajoutée par les multiples couches de synthé tous aussi travaillés qu’efficaces. Le beat, tantôt volontairement crado avec un peu de bitcrushing et de déphasage, donne un côté glitch hop à une production qui reste tout de même assez loin de ces fantaisies. Le second morceau, ‘East District’, se rapproche de la came habituelle de son propre label Atom River avec son breakbeat dense et continu. L’esthétique générale est quant à elle plus élaborée, la visée plus onyrique, et on est rapidement submergé par la basse euphorisante propre au genre. Le style de l'EP est quant à lui défini par des mélodies cheaps de synthés qui t’envoient dans l’espace avec des leads entraînants à souhait. C’est ravissant, et ‘Radon Cry’ ne nous fait pas mentir  : toujours cette même esthétique rêveuse et enfantine avec cette même alternance synthés tubulaires/analogiques légèrment saturés. Footwork/Juke, UK Bass, Dream Pop : Ital Tek est fort, et maîtrise parfaitement son sujet, si peu défini soit-il. ‘Days Illusion’ est peut-être l’unique track de l’EP où Alan Myson va s’aventurer au-delà de sa zone confort, et là encore il réussit ce qu’il entreprend. Plus abstraite, avec un contraste bassline-voix de fond plus imposant, la chanson est impressionnante, pas loin d'être qualifiée de "sans concession". Ce track est sans doute une tuerie en live, et doit certainement à nos jambes et notre cœur d'être suffisamment accroché pour résister au bordel que ça mettrait lors d'une rave d’UK Bass. Il me tarde d'entendre ce que ça vaut.


La planète Mu est décidément à la mode, et elle a remis la juke au goût du jour. Tout l'EP (sorti chez Atom River, donc [ATM004]) transpire l'influence footwork et c'est pour le plaisir de ceux qui, comme moi, ont découvert ce micro-genre il y a encore peu de temps. Ce court EP est un condensé de bonnes ondes, de puissance et d’émotion. Ça s’écoute comme on boit de l’eau, et on en redemande sans cesse par la suite. Allez, achetez moi ça.

Thursday, March 22, 2012

Clark - Iradelphic



Qu’il est dur de s’attaquer au mythe Clark ! Après un Totems Flare repoussant les limites d'un genre aux frontières déjà rares, il devient tout aussi audacieux de tenter de dresser un procès contre la grande figure anglaise que couard de ne pas saisir l’occasion donnée par la sortie d’Iradelphic, son nouveau LP. Le fait que j’ai découvert Chris Clark avec son précédent opus aurait pu avoir raison de mon courage, mais j’ai décidé d’abréger les excuses et de livrer ma critique à la critique, plutôt que de m’abstenir et regretter.

Monday, March 19, 2012

James Murray - Floods

Il y a maintenant presque deux mois, un opus dantesque est sorti, et est passé presque inaperçu. Si grand que je me suis senti obligé de chroniquer l'ovni. Tant bien que mal, avec la modestie qu'impose le regard du simple amateur sur les grandes pièces. Mais l'amateur que je suis voulait lui rendre un peu de ce qu'il m'a donné. Après seulement 3 coups d’éclat (doublement en 2007 chez Part2 Records, puis en 2008 chez les lyonnais d'Ultimae), James Murray se sentit pousser des ailes et fonda en 2011 Slowcraft Records, où fut publié l’album en question, Floods. Car s’il est certain qu’aussi  peu de musique fut produite chez Slowcraft jusqu’à présent que par ce mystérieux Jim Murray, on ne peut tarir d’éloges devant la réalisation de cet album.

Sunday, March 18, 2012

Agenda - Fin Mars


C'est l'ouverture de l'Agenda sur Shades Of Sound ! Chaque mois, un petit éphéméride détaillé sur les prochaines sorties/soirées à ne pas rater. Tous les liens des events sont dans la rubrique Agenda des onglets. Maintenant, voyons voir ce que Mars peut encore nous réserver...


Cette fin de mois.



A$AP Rocky
Social Club
Jeu 22/03
Le jeudi 22 mars, c'est Paris en force. Ceux qui n'ont pas eu la chance de dégoter des places pour le live d'A$AP Rocky au Social se morfondront dans une Tristesse Contemporaine au Nouveau Casino, tandis que les happy few iront sûrement célébrer la venue du rappeur US le plus hype du moment dans le club d'à côté, un certain Rex. Les parigos Antislash, Alex et Laetita, Cabanne ou encore les DJs de l'incontournable Zéro Zéro y balanceront quelques grooves bien sentisLe lendemain, Vendredi 23, Dominik Eulberg et Rone se retrouveront pour une Rendez-Vous au Rex Club. Ailleurs, Jennifer Cardini,  Le Loup ou encore Blackstrobe Records se diffuseront respectivement à la Villette Enchantée, au Rouge Rive Droite, et au Nouveau Casino. Une bonne occasion de changer d'Atmosphere et de (re)découvrir le Djoon sera la venue du génial Floating Points. Le Samedi 24, outre le Festival Chorus, qui accueillera entre autres Jeff Mills et Chloé, Paris a de quoi intéresser les fans d'électronique, entre Jacques Renault à la JavaDonato Dozzy au Batofar, et une Live At Robert Johnson au Rex... Les moins exigeants iront vers les Social, Villette Enchantée et autres Nouveau Casino, où se répartiront Remain, Erol Alkan, Romanthony, Canblaster...





Tout ça pour se préparer à la Concrete, le réel évènement de la semaine. Après l'habituel "mois" d'absence, les organisateurs de la défunte TWISTED ramènent cette nouvelle soirée tendance avec un plateau toujours aussi garni (Delano Smith, Steffi, Molly, Steve Summers...). Prévoir de même toujours plus de monde qui se bouscule à l'entrée. Brice Springspteen et sa team ont réussi à faire de la Concrete la soirée la plus "attended" de Paname en moins de 6 mois. Autant dire que les Die Nacht, Weather et Cracki bouffent leur matos. Quel que soit le line up affiché, arriver tôt sera de mise. Après, don't believe the hype and just enjoy. 

La semaine suivante, Anthony Collins nous donnera de ses nouvelles le jeudi 29 au Rex Club pendant que Rinse FM nous étouffera de ses basses non loin de làScuba et Actress distordront leurs sons au Batofar le vendredi 30 tandis que Mobilee fera sa nuit au Rex encore, enfin samedi 31, Sonotown fait venir Warp à la Machine du Moulin Rouge, quand la 45 nous emmènera chez le barcelonais John Talabot au Rex. Une petite pensée pour DVS1 et Ben Klock qui vont jouer dans l'antichambre de la mort de l'esprit techno, à savoir le Showcase...

Tuesday, March 6, 2012

La Sélection #1 - Février 2012

Cette sélection n'est que le début d'une série mensuelle de sélections des 10 nouveautés du mois qui valaient le plus le coup. Faites vous plaisir.


VA - Shangaan Shake, Honest Jon's

Honest Jon's nous lâche un récapitulatif de la série des Shangaan Electro. Et outre la grande qualité du tout, quelques petites pépites sortent du lot. Darren J. Cunningham (ci-dessus) n'est pas prêt de rater une occasion de faire parler de lui. Mark ErnestusHype Williams ou encore Demdike Stare l'ont suivi, et ne s'y sont pas trompés.


Joy O & Boddika - Mercy

SunKlo, la nouvelle écurie des deux tribuns de la "bass-techno" made in UK, va faire parler d'elle. Créée pour l'occasion de la collaboration autrefois impensable entre Joy Orbison et Boddika, sa première sortie est déjà unanimement plébiscitée, tandis que leur précédente rencontre chez Swamp81 avait nourri une attente palpable chez les clubbers, excités par la fraîcheur de ces sons. Si l'on y regarde bien, les deux producteurs ont démarré tous deux à l'aube de cette décennie, et baignaient très certainement dans le même univers musical. Ce terreau fertile qu'est l'Angleterre post-dubstep  a certainement trouvé de nouveaux héraults. Mais est-ce qu'il y a réellement là matière à s'enthousiasmer pour de potentiels débouchés ? L'avenir nous le dira. Il est néanmoins certain que les illégitimes bâtards issus de l'accouplement  dubstep/techno déchaînent déjà les passions.


Monolake - Aligning The Daemon

Parce que Robert Henke ne nous laisse pas le choix. Subjugués par tant de talent, on est forcé de rendre hommage au créateur d'Ableton Live, à ce génie du son, à cet expérimentateur hors pair. J'aurais peut-être du plébisciter l'album, mais je l'ai déjà fait ailleurs ; alors j'ai décidé de ne m'attarder que sur un morceaux de choix, et j'ai voulu laisser aux chiens la curée. Cruelle erreur : tout l'album est merveille.  Ne la faites donc pas, ne négligez pas Ghosts, c'est un voyage à faire.



Cassegrain - Coptic, Prologue

Tandis que la branlette sur Burial n'en finit plus, d'autres font des trucs un peu mieux. Pas de beaucoup, mais tout de même mieux. Pour ne pas me répéter et vanter encore plus Voices From The Lake, j'ai décidé de faire les louanges de Cassegrain, leurs camarades de chez Prologue, qui sortaient ce mois-ci leur troisième EP, intitulé Coptic. Techno ravageuse, ils raviront les amateurs du LP Voices From The Lake chroniqué ici.


Conforce - 24 (Gesloten Cirkel Remix)

Si l'original est une dub techno calibrée, cette version-là  l'est un peu moins. Mais ce que celle-ci perd en pêche et en floorfilling, elle le gagne en émotion, car la mélancolie de ces chords rend inévitablement triste. Ou l'art de trouver un compromis entre techno 4/4 130 bpm, et doux spleen. C'est bon et c'est sorti chez Clone Basement Series. Gesloten Cirkel, quant à eux, ont déjà deux maxis que vous feriez bien d'aller écouter...


Tristesse Contemporaine - I Didn't know

Je pensais qu'ici, nous ne parlerions que de musique électronique sérieuse. J'avais raison, je ne savais juste pas encore que ce genre de musique serait sérieux à mes yeux. Mais je me surprends à trouver quelque chose de franc et audacieux chez ces jeunes parisiens. Et cela ne se limite pas à une track, leur album est cohérent aussi. Cependant, tout comme la Nuit de Rêve de nos compatriotes Scratch Massive, sorti lui aussi chez Pschent, ce quelque chose de rock me retient de l'adouber comme je le ferais pour un bon album techno. Quelques tracks un peu faibles aussi j'imagine. Mon ouverture musicale a décidément bien des limites...



Battles - Sweetie & Shag (The Field Remix)

On reprend avec une belle ritournelle dark signée The Field. Sa reprise du 'Sweetie & Shag' de Battles est une réussite, en accord parfait avec son style, et correspondant à l'exigence de Warp et de ses artistes référents. Juste remaquable.


Burial - Kindred, Hyperdub

Comment ne pas en parler... Peut-être en se taisant tout simplement. Et pourtant ce n'est pas tâche facile de se retenir de commenter le phénomène Burial, même 5 ans après l'incroyable Untrue. Si difficile même que je vais céder à la tentation, et tenter d'expliquer ce qui me plaît tout comme ce qui me froisse chez ce buzz : sa musique est quasi-irréprochable, l'artiste est loin de surfer sur la vague médiatique comme d'autres (bien qu'il sache apparemment très bien utiliser le concept de "mythe" qu'il est devenu). Mais il y a ce petit regret, cette once de frustration quand sa musique est mise en avant dans tant de discours, tant de revues, et que son nom ne peut plus être critiqué... Notamment son tout dernier track en collaboration avec Four Tet, qui reçoit continuellement des louanges depuis le début de semaine alors que je me demande s'il ne faut pas plutôt sauver Willy. Loin de là, d'autres (je pense à ASC, Ital, ou As If...) font de meilleures choses... Je croyais qu'à un certain niveau de culture les gens dépassaient la hype, mais il faut croire que dans tous les milieux, les modes font la loi...


Nina Kraviz - Nina Kraviz LP, Rekids

Une douceur. Une sensualité. Et surtout, une âme. Oui, Nina Kraviz, après quelques années passées dans le milieu si étrange de la musique électronique dite "underground", après presque une dizaine d'EPs (de qualités discutables d'abord, puis une notable collaboration avec Sascha Funke, grande révélation), Nina a su réaliser le tant attendu long format. Son album, portant son propre nom, est sans pareil. Pas au delà de tout reproche, mais son incroyable qualité tient à son âme. Unique, je vous dis. Et cela se vérifie dans chaque note, dans chaque harmonie... Intimiste, mais puissant, il éclabousse les Smallville, Uncanny Valley et autres labels deep de sa classe. Vocal house sur les bords, ghetto, chicago et detroit dans ses recoins les plus sombres, cet opus, c'est du sexe en son. Eargasms expected.


C'en est fini pour février, mais cette sélection est quotidiennement mise à jour dans la rubrique dédiée. Vous y retrouverez aussi les liens des différentes trouvailles, parce qu'il faut savoir être généreux dans la vie. Bon mois !

Voices From The Lake - Voices From The Lake



Cela fait maintenant une semaine que j’essaie de trouver une idée pour commenter cette release. Il faut dire que malgré leur réputation, qui n’est plus à faire, je ne suis pas un fin connaisseur des deux compères. Alors quand la collaboration de Donato Dozzy et Neel démarée l’an passé trouve un aboutissement dans la publication de leur premier long format, Voices From The Lake, et encore mieux, quand l’album en question devient un phénomène chez presque tous les amateurs de musique électronique, je me suis trouvé confus, et bien embêté. Non pas parce que Voices From The Lake (c’est aussi le nom de leur duo) démérite, mais parce que ce que l’on écoute vient d’une autre planète.

Thursday, March 1, 2012

Tropics - Nautical Clamor





Parce qu’aucun album récent n’aurait pu mieux introduire ce blog. Shades of Sound se nourrit de ce qui fait la force de cette oeuvre, et s'il est sorti il y a un mois déjà, sa grande qualité, à savoir sa poésie, nous y fait sans cesse revenir. Regardant à la fois derrière et devant soi, Nautical Clamor est une ode à notre naïveté, celle de notre perception de l’écoulement du temps. Un souvenir douloureux chez une âme brisée, et la dure contrainte du passé torturant cet esprit fragile ; une satisfaction sourde et profonde chez une personne éreintée par la vie ; enfin un sourire enfantin sur le visage d’un adulte, ou inversement un regard penseur et plein de sagesse chez des bambins. Si c’est cette dernière image que Tropics a choisi comme cover de son premier grand-oeuvre, l’album est un peu chacun de ses exemples, et prête à toutes sortes d’émotions jouant sur le registre de la nostalgie. On y est bercé par de sublimes vagues de douceur synthétisée, enveloppé par les ondes sonores chaleureuses et rassurantes de ces vibraphones, ces pianos, et ces multiples couches d'orgues électroniques.
Rassurantes, en effet, car ce long format, s’il nous emmène loin grâce à son exotisme, ne nous amène pas à découvrir de nouvelles contrées musicales par son originalité ou son expérimentalisme. Nous naviguons, certes, mais nous naviguons sereinement, sans l’ombre d’un danger ou d’un risque, et si quelque écueil pourrait nous faire échouer, ce ne serait que pour faire naufrage sur une île polynésienne confortable, ne répondant qu’à l’image préconçue et usée que l’on s’en donne.
Mais si l'on me demande si certains morceaux de cet opus tombent dans le traquenard de l'impersonalité et du cliché, je répondrai que non, car si un seul correspondait à cette description, alors on serait amené à croire que tout l’album n’est que futilité. Je crois au contraire que par certains travers superficiels (présents, il n'en faut pas douter), Tropics sait subtilement raviver les flammes du passé, adoucir l’aigreur qui nous est peut-être restée, et nous éblouït. Sans trop nous faire réfléchir, mais sans être inepte non plus. Une qualité qui ne se laisse apprécier qu’après de nombreuses écoutes, et un standard digne du label sur lesquel Chris Ward a signé par le passé (Planet Mu).  Un océan de souvenirs s’offre à nous, et la maestria avec laquelle le jeune artiste nous y emmène ne nous laisse plus le choix : voguons-y.

Tropics
Nautical Clamor
Self Released
IDM, Downtempo, Dream pop
Janvier 2012