Tuesday, October 2, 2012

Vessel - Order Of Noise




Sebastian Gainsborough, nouvelle coqueluche des amateurs de musique électronique, n’est pas bien vieux. 22 ans, et à peine une courte demi-décennie de production derrière lui, mais le voilà projeté sur le devant de la scène actuelle, chez un des labels les plus en vogue du moment : le so-new yorkais Tri Angle, que tout Williamsburg encense depuis que Balam Acab y a grossièrement vulgarisé la « witch house » de Portland avec See Birds (2010), premier EP du label - qui reste mémorable quoiqu’aujourd’hui dépassé. Au risque de décortiquer sans le vouloir la progression de la hype autour de la nouvelle institution de Brooklyn, il faut admettre que le label est allé régressant ces derniers temps. Beaucoup sont parvenu à se faire un nom grâce à l’industrie du cool entourant la maison (Holy Other, oOoOO, How To Dress Well, Clams Casino), mais les ratés de cette année (AlunaGeorge, Evian Christ) ont parsemé d’embûches l’accès pourtant prédestiné au hall of fame des labels du genre (l’IDM en l’occurence, si cela veut encore dire quelque chose). D’ailleurs, presque logiquement, il est devenu commun de tirer à boulets rouge sur l'écurie, victime de son succès, et enchaînant par là-même  les labels nights au quatre coins de la planète aussi bien que les déceptions (la plus grande étant notamment l’insatisfaisant Wander/Wonder de Balam Acab l’année passée).

Seulement voilà, non seulement Holy Other, auteur de l’impressionnant With U l’année passée, bluffe tous les sceptiques avec un Held beau comme un ange, premier album largement à la hauteur des attentes pourtant excessives de ses followers ; mais en plus, un talent inespéré vient combler les manques évidents d’un imprint âgé de deux ans seulement, et aux ressources artistiques (en terme de quantité comme de qualité) encore assez… limitées.  Voilà que Vessel, tout juste sorti de ses premières et acclamées apparitions chez Left_blank (le label géré par l’anglais Throwing Snow, aussi patron du minuscule mais intéressant A Future Without), signe à l’hiver dernier le contrat un album chez Tri Angle, après seulement trois EPs officiels (sa première tape chez Astro:dynamics reste d’ailleurs assez dure à trouver). Aussi prometteur qu’il soit, cela paraissait énorme pour un jeunot dans le monde difficile de la musique indépendante. Mais il faut reconnaître que non seulement Order of Noise met tout le monde d’accord, mais en plus il redéfinit la conception assez close et  obsolète d’IDM que l’on se faisait jusqu’à présent.


Saturday, September 29, 2012

Sélection #5 - Fall is Rise




3 mois. Cela faisait 3 mois que je n’avais pas retrouvé le chemin de la chronique, et celui de ce blog, 3 mois que je n’avais pas eu l’audace de critiquer, ou même le plaisir de descendre les efforts de mes artistes favoris. 3 mois où ma fainéantise a pris le dessus sur ma soif d’écoute et mon envie de partage. Mais durant ces 85 jours de répit,  il m’a été donné d’entendre parmi les meilleurs albums de l’année. On reviendra dessus plus tard, car rien ne vaut le recul offert par les pluvieuses et mélancoliques semaines de l’automne afin de mieux mettre en perspective les éphémères saveurs d’été. Pourquoi ne pas donc redémarrer ce blog aux allures de cadavre avec quelques sons propices au chemin de l’école ? La rentrée en musique, c’est maintenant.

Thursday, June 28, 2012

Darling Farah - Body



On entend beaucoup parler de Darling Farah récemment. Peut-être est-ce dû à sa splendeur de premier album, Body. Cela ne serait pas anodin, vu la qualité de la galette. Mais c’est certainement en raison de son incroyable jeunesse. L’actuel londonien n’était âgé que de 16 ans lorsqu’il sortit son premier EP en 2008. Hair Down n’avait cependant rien à voir avec la suite de la discographie de Kamau Baaqi. D’une électro-house un peu crade mais pas encore repoussante, l’enfant saoudien était passé à une tech-house/minimale avec son Berline EP (sur lequel figuraient déjà de magiques remixes de Funkineven et Clara Moto, mentors de renom pour un petit gars de 18 ans), pour prolonger vers une sorte de deep techno tendant vers la house avec son EXXY en juin 2011. Ce cheminement aboutira en novembre à une UK House complexe et profonde, sorte de mélange entre dub minimaliste, et bass music : Division EP, dernier maxi du trio sorti chez Civil Music, correspondait donc à la fin de l’actualisation de ses influences musicales à la suite des années passées en Angleterre. Musique un peu « loungy », qui pouvait rapidement devenir inintéressante, et ressembler à l’ensemble des mélanges anglais entre house et bass, si ce n’était pour quelques morceaux (‘Model’, ‘Foreign’). Il n’y avait d’ailleurs rien de franchement techno dans la musique de Darling Farah à ce moment, et c’est ce qui choque le plus quand on essaie de mesurer le chemin parcouru en à peine 9 mois. De novembre dernier à aujourd’hui, le natif de Detroit a redécouvert l’histoire de la club music, s’est promené dans les archives, s’est balladé dans les affres du temps, s’y est perdu, et s’est retrouvé dans un album sombre, personnel et aussi original qu’orgasmique. Cet album, c’est Body.


Sunday, June 24, 2012

EP de la semaine



Ce n’est jamais simple de choisir, mais je crois que cette semaine, le choix s’est avéré particulièrement difficile. Ne me basant pas sur les dates de sortie, mais sur les dates à partir de laquelle je les écoute, il y a forcément des semaines où j’écoute plus ou moins de musique, et des semaines où j’écoute plus de LPs que d'EPs. Du 18 au 24 juin, j’ai donc passé en revue plus d’une vingtaine d’EPs qui font l’actualité, donc presque une dizaine valait d’être mentionnée : ceux de Vatican Shadow, Sunil Sharpe, Kink, Bandshell, Locked Groove, Untold, Matthew Dear, Four Tet, ou encore Dark Side…  et parmi ces neufs jolis vinyls, j’ai choisi de n’en garder qu’un pour faire honneur à cette rubrique hebdomadaire en perdition. Il s’agit de Change In a Dynamic Environment Part II, celui d’Untold donc. Deux tracks seulement, pas vraiment les plus belles de tout ce que j’ai écouté cette semaine, mais le plus d’originalité, et de volonté artistique peut-être. Loin de toutes convetions, on est pris de spasmes,quand on écoute les tranchantes notes de basses de l’artiste anglais. La techno gagne en profondeur et en densité avec cet EP qui jouit des influences bass/house de son compositeur, afin de mieux se perdre dans les méandres de ce qui rend la scène anglaise à la fois si intéressante et si déplorable ces dernières années. Car oui, la scène londonienne, et anglaise plus généralement, est gangrenée, comme je m’use à le répéter, par ce flux incessant de productions bass/house, dénomination fourre-tout que Resident Advisor avait déjà analysé il y a quelques mois de cela ici. Oui, les anglais, connus depuis la fin du XXème pour leur prédisposition à vouloir bordéliser la norme des influences, et à savoir briser les ‘cases’ que nous autres français, en bons héritiers de la multiplicité des distinctions sociales, nous adorons ; ces anglais savent faire le ménage et, de bric à broc, créer des styles à partir de pas grand-chose, « genrewise » comme ils auraient à la bouche.  En musique électronique, c’est la même chose : 20 ans d’histoire nous l’auront démontré sans que l’on puisse revenir dessus. Qu’il s’agisse du mouvement Hardcore dans le sud londonien (jungle créée à partir d’un break, drum & bass découlant du flow initial, Speed Garage se joignant aux festivités, entraînant la naissance du dubstep, etc.), de la techno de Birmingham ou de la house mancunienne, ils ne se gênaient pas pour littéralement tout mixer, manipulations génétiques explosives créant les hybridations que l’on connaît, métamorphoses et mutations musicales permettant plus de 20 ans d’ « adventures in sound and music ».


Cette semaine, c’est Untold qui s’y colle, avec une techno aux penchants house, bass, presque juke sur les bords. C’est dire si le co-patron de Hemlock Recordings veut se jouer de nous. En effet, si ‘Breathe’ nous paraît simple, c’est parce que ‘Caslon’ nous laisse littéralement sans savoir sur quel pied danser. Une incroyable vague bass, chicagoïsante, collante, indétachable du reste d’une track qui avait tout de la techno de Birmingham, on sentait presque l’asphyxie arriver. Au lieu de tout cela, on écope d’un délire totalement hallucinatoire, coincé entre ce rythme endiablé et de ce synthé si proche de ceux de l’agréable ‘The Planet’ dItal Tek. Planet Mu fait donc la nique à Sandwell District pendant qu’on prend notre pied en écoutant cet indescriptible mash-up qui semble appartenir à nos pires cauchemars, et qui sonne en fait assez bien. Il faut avoir le tympan bien accroché, je l’avoue sans problème, et oser regarder en face les absurdités acoustiques et autres dissonances qui polluent ce ‘Caslon’. Mais, nous autres électroniciens musicaux, qui écoutons du noise, du glitch ou du drone criard, sommes-nous en mesure de juger quand nos musiques préférées font parfois preuve d’une « amusicalité » (au sens classique et donc ancien du terme) défiant presque toute concurrence ? Ainsi il faut saluer le courage artistique d’un Untold qui n’a pas hésité à commettre l’irréparable afin d’ouvrir de nouvelles voies, et de se sacrifier afin de nous livrer une deep techno étrange, ni subtile ni jouissive, mais belle et bien en dehors des cadres classiques. À ceux qui n’auraient pas l’ouverture d’esprit de considérer cette option comme valable, je les renvoie alors à ce ‘Breathe’, si justement tempéré, si finement réalisé, là où la techno rencontre la douceur et la passion. Ce ‘Breathe’, c’est de la techno version Smallville. Là encore, tout dans la structure rythmique indique un morceau technoïde bien calibré, et les effets sur le rythme appartiennent au registre techno aussi, mais là encore Jack Dunning ne se laisse pas faire par les conventions, et ajoute une ligne de basse si tendre qu’elle fond sous la dent. Les harmoniques de synthé de ci de là servent désormais à calmer l’atomsphère, et tout d’un coup, une courte montée en intensité débouche sur un lead maximaliste qui semble exécuté par une myriade d’astres célestes. C’est désormais scintillant, relaxant, infinment plus gratifiant qu’une ballade techno comme on connaît tant d’autres, et pourtant, la même base rythmique accompagne cette sorte de deep house évoluée. On est vraiment charmé par ce soul train démoniaque, et cette ambivalence si réussie. Voilà pour Change In A Dynamic Environment Part II. Si vous n’étiez pas au courant, une suite et dernière partie de ce trio est prévue pour septembre prochain, et quand on voit la qualité des deux premiers on ne peut que s’attendre à une réussite. Le label à la cigüe prévoit donc de continuer l'élargissement de son impressionnante discographie (Ramadanman, James Blake, Cosmin TRG ou encore Pangaea sont déjà au catalogue). On est plus qu'impatients de découvrir tout ça. Alors rendez-vous à la rentrée. 

Thursday, June 21, 2012

Sélection #4 - Fête de la musique



Pas de discussion possible, ce soir vous allez fêter la musique. Dans la rue, acculé entre les reprises des Doors ou de Bob Marley qui conjuguent mauvais goût et faiblesse d’interprétation, vous allez sortir dehors et vous contenter de l’orage (qui ne lâchera décidément pas la région parisienne avant le mois de juillet), abuser des enceintes indécentes qui vrilleront vos tympans jusqu'à la moelle,  enfin boire jusqu’à plus soif, histoire d’oublier l’ambiance morose qui règne à deux jours de notre expulsion de l’Euro, et à quelques mois de la fin de l’€uro. Parmi les seules bonnes nouvelles, l’actualité musicale qui s’achète une vie avec l’arrivée très prochaine de l’été (non, je n’appellerai pas encore ce temps de merde « été », que cela vous plaise ou non), histoire de pourrir nos iPods de merdes commerciales. Et d’autres choses éventuellement. Le point sur les quelques sorties pré-estivales qui nous mettent du baume au cœur.


Monday, June 18, 2012

Polysick - Digital Native




Paul Kersex est un singulier personnage. Ce « machine man » italien est l’auteur d’une petite dizaine de releases si on compte son alias TheAwayTeam, et s’est ainsi donné l’opportunité de publier sur pas moins de 10 labels différents (et cette fois, c’est en oubliant de prendre en compte son EP self-released). Un homme de conviction donc, attaché à sa vision de la musique électronique et rien d’autre, électron libre qui transmet son regard et son savoir un peu partout en Europe, depuis la belle ville de Rome. C’est aussi et surtout un artisan électronique, déterminé à passer par une conception analogique de ses morceaux, et à refuser la facilité parfois déconcertante de la club music actuelle, ses rythmes 4/4 évidents et sa house gentillette. À l’inverse, Polysick veut que son electronica, si elle croule sous les références dance et les influences 90’s (et ce notamment en raison des instruments et des patterns utilisés), ne tire sur aucune corde, ne s’attache à aucun courant spécifique, de peur de rentrer dans un formatage sournois. Qu’en est-il du succès d’une telle entreprise ? Après deux ans de productions plus ou moins réussies, il est encore légitime de se demander si Polysick est en mesure de dépasser le stade d’espoir surévalué. En effet, Digital Native, son second long format, s’il ne lui cause pas d’opprobre, ne lui rend pas justice non plus.


Friday, June 8, 2012

Recondite - On Acid




Depuis la sortie de son premier Long Play On Acid, la presse n’a plus que le mot "underrated" à la bouche pour parler de l’heureux Recondite et de ses acolytes de chez Acid Test. Très liés, le Berlinois et son label font cependant leur possible pour cacher l'identité du prodige. Sans doute pour mettre en avant leurs expérimentations, et leur but final. En réalité, toute leur aventure n’est qu’une histoire – et d’Histoire il est essentiellement question – d’oscillateur, plus précisément de TB 303. Oui, oui, la Roland Transistor Bass 303,  séquenceur de basse de la fin des années 80 qui, en prenant une utilisation moins conventionnelle (celle voulue par les ingénieurs n'avait pas grand-chose à voir avec cellle qui domina le marché), fût à l’origine d’un pan historiquement important de la musique électronique (l’Acid House), et qui valut à Tadao Kikumoto, chef de la R&D chez Roland, la paternité reconnue par The Guardian d’un des 50 évènements les plus importants de l’histoire de la dance music. Voilà le résumé wikipédia pour ceux qui n’avaient vraiment rien suivi, la petite mise à niveau réglementaire pour ceux qui débarquent. Ce qu’il est aussi bon de savoir, c’est que depuis toujours, il existe une nostalgie de cette époque chérie par les fans de la première heure, une nostalgie tantôt ambiante, tantôt frénétique, nourrie par les souvenirs de vieux fêtards aujourd’hui disquaires en mal de vivre, et par d’incessants revivals plus ou moins réussis. L’Acid House, sorte de faux âge d’or, vestige idéalisé d’une époque ou la club music était composée de trois genres et quatre sous-genres qui se battaient en duel, comme le veut l’expression. Aujourd’hui, la diversité incroyable de l’univers de la musique électronique permet de s’accorder sur l’absurdité d’un retour en bonne et dûe forme de cette éphémère hystérie collective nord-américaine. Un état des lieux qu’Acid Test comprend, et met aujourd’hui à profit, et c’est là le point intéressant : tenter de réexploiter les possibilités d'un instrument injustement réduit à l’utilisation qu’en ont fait les générations passées, et non par ses capacités innées. Voilà l’aventure dans laquelle Acid Test s’est lancée, le challenge qu’ils se sont donnés, et qu'ils ont relevé haut la main.


Sunday, June 3, 2012

VA de la semaine




J’y reviens sans cesse, alors pourquoi se justifier à chaque fois ? Stroboscopic Artefacts est un des meilleurs labels de la scène techno actuelle, ne me demandez plus de vous le présenter. En revanche, il y a bien quelque chose à présenter pour que je fasse l’effort de revenir ici. Ce dont il fallait s’apercevoir cette semaine, c’est qu’après la fameuse série des Monad, débutait cette semaine en digital celle des Stellate, des various orientés ambient/expérimental et musique contemporaine… Un grand saut qu’il ne fallait justement pas manquer, et je parle ici aussi bien de nous auditeurs que de Lucy et ses camarades puisque ce changement du tout au tout était une opération à risque. Le résultat ? Ils ont essentiellement tout déchiré. Loin d’être un indispensable, ce VA possède néanmoins la noble qualité d’être immersif, et de savoir tirer de sa faiblesse la plus apparente (la quiétude presque lassante) une force remarquable en rendant le tout totalement hypnotique. Scotché à notre casque, on est forcés de rester concentré de la première à la derrnière seconde, tantôt focalisant notre attention sur les moindres détails de l’extravagante ‘Frequency Phase Part III’ de Kevin Gormang, tantôt confus et étourdis, happés par l’expérience psychotrope de ‘The Seduction Ends In Tears’ de Borful Tang ou ‘Molineux’ de Perc. Des quatre artistes présents (Lucy est le dernier), Borful Tang tire réellement son épingle du jeu selon moi, sachant allier expérimentation et saveur dans des tracks parfois totalement hallucinatoires (la fin de ‘Meet The Band’ est –pendant trop peu de temps d’ailleurs - un sale délire, avouons-le nous). Gardons à l’esprit que l'ensemble cela reste néanmoins gentillet, et si on est bien accroché à nos écouteurs comme dit précédemment, on en décolle pas le cul de notre chaise non plus. Comprenez que ce various, s’il a le mérite de savoir nous impressionner la première fois, ne passera pas les 10 écoutes. Ce n’est pas plus mal, et cela prouve une fois de plus qu’on peut toujours compter sur le label berlinois pour, si ce n’est nous faire accéder à un autre état de conscience, nous distraire avec une bonne dose de passion ; et sincèrement, que demander de plus ? Quand en plus on sait que Stellate 2ème du nom sort ce mois-ci, et featurera Silent Servant et Dadub... 

Thursday, May 31, 2012

Sélection #3 - Mai, fais ce qu'il te plaît...




Les beaux jours sont arrivés. Oui, mai, qui jusqu’à présent n’avait pas été si clément, nous a accordé enfin le beau temps tant espéré. Les oiseaux chantent, les fleurs sont écloses, les lunettes, les espadrilles et les jupes sont de mise, bref, l’été s’est annoncé un mois avant l’heure, et personne n’y voit franchement d’inconvénient. Au contraire, j’y vois même l’occasion de faire le point. Quoi de mieux pour s’assurer de notre bonne santé musicale qu’une sobre et élégante sélection pré-estivale ? J’ai décidé cette fois de me concentrer sur les maxis, le format prêtant plus à l’écoute légère et rafraîchissante que la saison requiert. Malheureusement, le ton que prennent mes récentes sessions ont plus propice au deuil qu’à la joie de vivre. Mais peu importe, cela n’empêche en rien une courte revue des dernières surprises en date. Voilà donc 4 double-faces que vous devriez retrouver chez votre disquaire, et qui accompagneront vos moments de solitude à merveille.

Sunday, May 20, 2012

Focus - Kontra-Musik



Kontra-Musik, avec sa petite trentaine de releases, commence à avoir du passé. En invitant des artistes comme Dettman, Substance ou Silent Servant à les remixer, les suédois ont acquis une notoriété ainsi qu’une légitimité. Depuis 2006, Agaric et ses camarades ont sorti LP de qualité sur LP de qualité,  préférant (bien qu’il n’y paraisse pas) le long format afin d’exprimer toute leur passion. Car voyez vous Kontra-Musik n’est pas un de ces labels ou paraissent mille EPs à l’année, de plus ou moins bonne facture, pour tomber dans l’anonymat six mois plus tard. Chaque sortie est une occasion de montrer leur amour pour ce qu’ils font, et ne doit donc en aucun cas être gaspillée au profit de desseins commerciaux peu louables ; les suédois revendiquent une authenticité et une exigence digne des plus grandes formations, rentrant ainsi dans la cour des grands quand il s’agit de qualité. Kontra-Musik cherche à créer l’intemporalité, cherche à marquer son auditoire avec des productions émouvantes, en plus d’être puissantes. Le LP de Jason Fine de 2008, Our Music Is A Secret Order, faisait figure d’exemple, et presque de précurseur en la matière. Un album transgenre, hésitant entre Deep house et dub techno, comme on en voit beaucoup aujourd’hui, et n’enfilant pas les bangers comme des perles, mais méritant le titre d’opus par sa consistance, sa cohérence et son sens du scénario, si l’on peut dire. Un vrai voyage, un exercice de haute voltige que Jason allait reproduire l’année suivante, avec un Future Thought tout aussi réussi, alliant à la perfection l’atmosphère club d’alors (deep house et minimale régnant en maître sur l’Europe) et les ambiances esthétiquement plus osées de la dub techno. Entre temps, Gunnar Jonsson (Henrik de son vrai nom), Andreas Tilliander, Joel Alter ou encore Luke Hess allaient étoffer un répertoire qui grossissait alors à vue d’œil. Tilliander notamment, sous son avatar Mokira, posait une grosse pierre à l’édifice l’année dernière avec la parution de ses Time Axis Manipulation, triplette d’EPs associés au LP du même nom, sur lesquels on pouvait retrouver les remixes de Silent Servant, Redshape et Echospace. Or, voyez-vous, mes amis, Kontra-Musik ne perdant jamais une occasion de nous rendre heureux, alors que vient de paraître l'EP de remixes du Mod de Jonsson et Alter (sur lequel featurent Donato Dozzy, Minilogue et Dorisburg, rien que ça), les scandinaves ont en plus décidé de faire une compilation de leurs remixes il y a de cela deux mois. Pour notre plus grand plaisir, nous sommes amenés à réécouter ces pièces d’orfèvres, luxe musical indécent, ou à découvrir ceux à côté desquels nous sommes passés. Ainsi, la crème des reworks, reshapes, et autres dub mixes parus sur les EPs signés sur le fameux K à l’accent sont dans ce various logiquement intitulé Kontra-Musik Mixes, et croyez moi, cette compile est outrageusement jouissive. Entre Dub techno, Deep techno et Deep House,  on passe du tout au tout avec des artistes allant de Move D à Norman Nodge en passant par A Made Up Sound ou Shed. Pas une seconde n’est à jeter, et 11 tracks plus tard, ceux qui ne la connaissaient pas se demanderont honnêtement comment ils ont pu passer à côté d’une structure qui avait tant à offrir. Un bon moyen de se rendre compte que le court hommage rendu à ce label était plus qu’un beau geste, une évidence.




Friday, May 18, 2012

Vedomir - Vedomir




Vedomir, ça ne vous dit peut-être rien Vakula, sans doute plus. La perle d’Ukraine est de retour avec un album fantasque, techniquement osé, et agréable à souhait.

Sous son alias Vedomir, Mikhaylo Vityk n’avait publié que deux maxis jusqu’à présent, un Not Classic Square très deep chez Soundofspeed, et un plus sophistiqué Loop Minusovka / Orthodox Ambient, une face techno, une face ambient. Ces deux galettes mis à part, Vakula avait en réalité fait parler de lui avec la petite vingtaine d’EPs qu’il avait sorti sous son nom principal. Chez Shevchenko, Leleka ou encore 3rd Strike Records, Vakula avait enchaîné les productions, remixes et autres collaborations depuis 2008. L’année dernière fût particulièrement productive pour lui, une année 2011 qui le vit publier pas moins de 11 EPs. Dans ce lot, un remarqué Leleka, un vinyl partagé avec Steve Reich, et 3 pépites d’EPs chez Shevchenko, le second microlabel qu’il s’est empressé de créer après Leleka. Et depuis ? Eh bien depuis, Vakula s’est à nouveau changé en Vedomir, et a composé un album qui devrait donner un boost définitif à une carrière qui s’étoffait déjà pas mal.

Vedomir, c’est un roman house, une chanson de geste assez deep, et définitivement dansante. Le Brahmagupta version jack, Roland muté en maître de la disco.  Une épopée qui semble ne jamais finir (1h12, c’est assez long pour un album de house), avec ses hauts et ses bas, ses moments de romance et ses scènes d’action, ses retournements de situation, bref, un bon best-seller. Toujours dans une veine deep house étudiée, Mikhaylo nous fait voyager comme rarement ; peu cette année ont réussi à entretenir l’intérêt de leurs auditeurs avec tant de retenue et de subtilité, ne nous laissant jamais accéder à la satisfaction finale de l’emportement et de la danse extatique. Avec bon goût, Vedomir ne vient pas ternir son LP par l’abus de voix cheap, elles ne servent ici qu’à enjoliver des constructions musicales déjà suffisamment élaborées pour séduire. En effet, la composition de Vedomir, bien qu’il s’agisse d’un album de deep house classique, ne souffre pas d’un manque d’originalité et cet album riche et varié métamorphose notre vision de la house pérpétuellement pervertie par toute la merde tech-house actuelle qui se répète et se mord la queue.

Vedomir est un simple brin d’air frais, un conte house romantique, une douceur et un exotisme chaleureux, et bienvenus en ces temps de deep house formatée et indécente. Dekmantel, l'écurie néerlandaise qui a sorti cette perle, fait parler d'elle depuis un certain temps, avec la sortie de maxis par Juju & Jordash, San Proper, et cette année Morphosis et Skudge. Elle a repéré le natif de Konotop il y a un an, et ne l'a plus lâché depuis. Tout ça pour dire que la voix du progrès, c’est l’Ukraine les amis. Comptez sur moi pour vous le rappeler.



Wednesday, May 16, 2012

Djorvin Clain - Pattern Of Thought




Permettez moi de vous présenter Djorvin Clain, le secret le mieux gardé de Belgique. Présenter est ici en réalité un bien grand mot, car même si vous n’êtes pas familiers du personnage, je n’aurais pas grand chose d’autre à vous apprendre que son origine, et sa date de naissance (1984). Il semblerait que M. Clain ne soit pas très intéressé par une plus ample révélation des détails de sa vie, ou alors il n’a tout simplement pas eu l’occasion, sa notoriété étant encore relativement restreinte. Toujours est-il que ces formalités accomplies, je peux désormais passer au point le plus important, sa musique. Elle est certainement l’unique raison de parler de cet homme mystère au nom atypique, mais quelle raison… J’ai découvert Djorvin Clain il y a de cela deux petites semaines, et je le considère aujourd’hui comme un des plus prometteurs successeurs de l’école dub de Basic Channel, celle des maîtres Moritz Von Oswald et Mark Ernestus, de ces géniaux expérimentateurs live, scientifiques du son et historiens sans pareils des différents genres et courants musicaux. Ces maîtres le sont devenus en créant la dub techno, et plus que tout lui ont donné une raison d’être, cette philosophie de la transcendance des genres à la techno, l’application de l’esthétique dub et l‘expérimentation live qui s’ensuit à un genre aujourd’hui très divers, mais à l’époque si réduit... Bien qu'il ne se serve que peu du fameux duo Berlinois comme influence musicale, Djorvin Clain en est le digne héritier, et Pattern Of Thought, son premier LP sous ce nom, en est la preuve.


Sunday, May 13, 2012

EP de la semaine





Metro Area, et ses géniaux MA 5 et 6, n’auront pas la récompense hebdomadaire, je le crains, pusiqu’il s’agit d’une re-release. Xhin et Perc, malgré leurs brillants travaux groupés, ne l’obtiendront pas non plus. Pas plus qu’ASC, Stay+ ou encore Regis. Non, cette semaine, pour trouver l’heureux élu, créateur du meilleur EP de la semaine selon Shades of Sound, il fallait se tourner vers la petite plateforme Sushitech. Ce label berlinois déjà vieux de 7 ans a su attirer un paquet d’artistes à valeurs ajoutées, confirmés ou naissants – on pense notamment à Delano Smith, Mikaël Stravostrand, Steve  O’Sullivan, ou plus récemment Mike Huckaby. Cette fois-ci, c’est Makam, un des poulains du label, qui décide de quitter l’étable Sushitech Purple pour la première fois et de se confronter aux vrais pointures dans l’écurie principale du hara.

Dreams of Tomorrow est un EP savoureux, et divertissant, car le Hollandais sait prendre son temps et nous faire passer d’un monde à un autre avec talent. Entre les eaux de la deep house, et celles de la techno, Makam ne nous laisse pas une seconde de répit, alors que le sentiment éprouvé est plus largement celui du repos. Ce maxi est donc intéressant par le côté inexplicablement doux d’une musique qui démarre souvent avec un beat très accentué, assez violent même, dans la mesure où rien ne nous permet d’envisqager l’incroyable progression que ces tracks vont suivre. Après un ‘Unconscious’ assez simple mais qui fait office de bonne introduction à l’univers de Guy Blanken, c’est au tour de 'Sensations' de nous faire vibrer. Alors qu’une fois de plus un rythme soutenu (accompagné d’une ligne de basse très ‘crosstown’ si vous voyez ce que je veux dire) nous amène à croire que l’hymne tech-house est de mise, le morceau finit par se transformer en une exotique ballade dans un monde coloré de synthés échosés et de flûtes enchanteresses. À mi-chemin, on a troqué la moiteur des clubs allemands pour l’humidité sauvage des forêts équatoriales. Assez bouleversant, et assez réussi. Dans ‘Desire’, le Hollandais ne met plus aucune ambiguïté dans son discours : les nappes sont aussi épasisses que les kicks sont profonds, et le tout est parcouru de chants suaves et cris d’oiseaux ; enfin, Images, peut-être le meilleur morceau de l’EP, avec sa ligne de basse faite au synthé et loopée sur une mesure, est catchy à souhait. Au pays du sucre et du miel, Makam est roi, car cette douceur sent l’été à s’en foutre plein le nez. Contrastant avec un très upbeat ‘Self-Awareness’, Makam ne cache pourtant pas son talent de conteur avec ‘Lucid Dreaming’, 6 dernières minutes rêveuses et envoûtantes d’un EP décidément sous-estimé.

Makam, avec sa deep house chaleureuse et atypique, est un des nouveaux noms sur lesquels il faut compter. Dreams of Tomorrow, ni exceptionnel, ni passable, a toutes les qualités d'un EP efficace, playlistable en de nombreuses occasions, et à noter sur les tablettes de tous les DJs d'afters ou de dimanches ensoleillés pour cet été. On m’a aussi dit beaucoup de bien de sa prestation au Rex vendredi dernier, alors peut-être faudrait-il songer à l’inscrire dans nos agendas dès que possible… En attendant, mettez Sushitech sur vos petits papiers les amis, si vous ne l’avez pas déjà fait, car ils sont loin d’avoir fini de faire parler d’eux.


Saturday, May 12, 2012

Actress - R.I.P


Credits to NMWA & Sonotown


Insaisissable Darren… D’écoute en écoute, je tourne et retourne dans ma tête les différentes possibilités. Le sentiment est fort, mais la réaction inexplicable. Une confusion extrême, indicible expression de la puissance partagée par cette musique. Une force, une vivacité, un chatoiement… Un tison planté en plein cœur pour mieux nous ramener à la vie. Insaisissable Darren… Tu nous avais titillé, chatouillé à peine en 2008 (Hazyville). Un grand début prometteur, mais assez simple, finalement. En comparaison avec la notoriété acquise en 2010 (Splazsh), on se demandait presque si tu t’étais gardé de nous révéler tout ton talent, petit cachottier. Aujourd’hui, ton souffle rance et chaud m’a brûlé les poumons, et je ne sais plus s’il faut faire le deuil de ta vie artistique ou se prosterner devant ton apothéose. L’actrice révélée au théâtre de nos rêves les plus fous serait devenue la star hollywoodienne destinée à toutes les mauvaises productions, selon certains. Entendez-moi : il ne s’agit que de mauvaises langues, de jaloux ; tout comme souvent dans ce jeu de la critique, et ici plus particulièrement, il ne s’agit que de hype, d’attentes, et d’âmes vendues. Actress, c’est le faussaire, l’imposteur, le roi des sacrilèges chez les uns. Chez d’autres, un Jésus Christ, venu sauver la musique électronique de ses démons, et prendre sur lui le péché originel du formatage, quitte à se faire crucifier par les connaisseurs. Actress, c’est surtout une énigme résidant dans notre impossibilité à nous convaincre de son talent pourtant évident.


Sunday, May 6, 2012

Sélection #2 - Printemps



À l’heure du téléchargement en quelques clics, de la surproduction et de la surconsommation de musique, un weekend, c’est long, et une semaine de retard devient un lourd fardeau. Parce que je suis né après 1990, il m’est impossible de prétendre aimer digger à la manière des anciens, sans se presser, en s’imaginant que le temps qui nous est imparti tend vers l’infini. Je suis de cette race de boulimiques du son, qui enragent de n’avoir que 24h dans une journée, qui se confrontent inlassablement et en vain aux limites que la durée des morceaux leur impose, et qui ne connaissent la satiété qu’à l’heure du live. Ainsi, je dois confesser que - vacances oblige - rester éloigné de la musique pendant plus d’une semaine m’a paru une éternité. Plus encore, l’impossibilité de chroniquer tout ce que j’avais écouté voracement par la suite (trop grosse quantité ingurgitée en trop peu de temps) me rendait furieux. J’ai donc décidé qu’il était temps d’abréger mes souffrances et de passer à la seconde sélection de ce blog. Une sélection que j’ai choisi de diviser par genres. Puisque mon travail était déjà primaire, pourquoi ne pas aller au bout de mon entreprise de simplification de cette savoureuse compilation ?

Sunday, April 22, 2012

EP de la semaine (partie 3)




J’ai l’impression d’être déjà revenu cent fois sur cette histoire. En si peu de temps. Stroboscopic Artefacts, mythe nouveau de la techno sans concession, épopée contemporaine de quelques bâtisseurs de cathédrales sonores, celle de ces défenseurs d’une cause noble, l’expérimentalisme de la techno. Éthique sévère, esthétique froide, mais défenseurs visionnaires, pleins d’âme et de grandeur dans leur art. C’est la montée en puissance en moins de trois ans d’un label qui ne promettait rien, la reconnaissance internationale qui s’en suivit, l’adulation et l’idôlatrie quasi religieuses de ses admirateurs, et une estime souvent aussi grande que pour l’ogre Ostgut Tonträger. Avec un parcours semblable à celui d'Horizontal Ground ou encore Sandwell Distrcit (bien que leurs politiques de vente et de communication soient très très différentes), Stroboscopic Artefacts s’est octroyé une  place sur le podium des labels de techno les plus éminents du continent quand il s'agit de la section « expérimentale ». Grâce à des albums comme le Wordplay for Working Bees de Lucy, ou Sword de Xhin, SA a fait tourner les yeux de la planète entière vers son collectif métissé et intransigeant. Allemands, Italiens, Japonais, Argentins, Hollandais, les artistes de SA ont su se trouver une vision commune dans une techno assez industrielle (cf. Wordplay for Working Bees), parfois très abstraite (cf. Sword), et surtout dévastatatrice, comme une simple écoute de la série des Monad peut en attester. Éduqués aussi bien par l’école de Basic Channel que par celle de Underground Resistance, les jeunots n’ont eu peur de rien. Ils sont partis directement le plus loin possible dans leur volonté de créer quelque chose d’unique. Sans aucune hésitation, Luca Mortellaro a ouvert une voie pour tout ce beau monde, dès 2009. Aujourd’hui il vient de signer un énième EP, qui se trouve être la plus récente release de la maison. Banality Of Evil est un pur produit Stroboscopic Artefacts, et laissez moi vous expliquer pourquoi.



Le thème abordé – l’étude scientifique du conformisme, et l’analyse philosophique à la Arendt – l’est peut-être avec assez peu de subtilité. Les titres, évidents, en deviennent presque drôles, mais c’est là qu’il faut chercher le talent de l’italien. C’est peut-être au contraire avec cette évidence qu’il réussit à nous émouvoir et à nous inquiéter. En mentionnant ce à quoi sa musique réfère, il place dans un cadre infiniment plus sombre l’écoute de son maxi. Chacun est familier avec les théories de Milgram et d’Asch, et à l’expérience des prisonniers de Stanford. Ainsi on entre dans cet EP par une inquiétante collaboration avec Roll The Dice, un ‘Superior Orders‘ qui donne le ton. Un jeu sur la synthèse sonore, avec ses bleeps en forme de cloche qui retentissent dans nos oreilles, on est happé par la récurrence mécanique de cette note pédale qui vous donne bientôt le tournis. Peu à peu les éléments, innombrables, se mettent place, un fourmillement d’effets vient perturber l’exaspérant métronome. Vous n’êtes qu’un pion sur cet immense échiquier, qu’un boulon dans la gigantesque machine, et on vous le fait sentir. Arrive ‘Stanford Prison’, l’expérience bien connue est évoquée par une techno aérienne, superficielle et assez peu dispendieuse. On reste au-dessus de la saleté de l’âme humaine, on est pas suffisamment touché par le dégoûtque l’on éprouve pour notre espèce, pas vraiment corrompus par nos vicissitudes. Planant, ‘Stanford Prison’ reste cependant un bel exemple de techno à la Strobsocopic Artefacts, rugueuse juste ce qu’il faut, avec une architecture sonore qui a dû demander bien du travail aux ingés son du label. Enfin, ‘Milgram Experiment’, le morceau phare, est une expérimentale délicieuse jouant autour de quatre notes d’un synthé émulant le pluck une guitare sordide et entêtante. Inlassablement, ces quatre notes vont nous ensorceler, avec ce corrosif bruit de fond, ces voix lointaines, et ce brown noise qui prend toujours plus d’ampleur. Bientôt, l’atmosphère pesante devient crispante. et la tension, à son comble, vous fait transpirer. Arrive enfin ‘Asch Paradigm’, ambient malsaine, qui semble jouir de notre désolation, du dégoût profond que l’on a pour soi lorsqu’on réalise qu’on a franchi la dernière limite, qu'on a commis l’irréparable, l’inhumain.



Lucy a terminé son travail. La mécanique de la hiérarchie ne vous a rien épargné. Il vous a fait suivre les ordres. Suivre la cadence infernale. Continuer dans le chemin de l’ignoble. Persévérer dans l’atrocité. Et se perdre en chemin. C’est court, intense, et cela, à défaut d’être une de leurs meilleures releases (c’est déjà beaucoup dire sur la qualité du label en général), définit Stroboscopic Artefacts : avec une esthétique raffinée, nous emmener voir les tréfonds de nos âmes, là où nos sentiments les plus vils se cachent. Avec des architectures sonores aussi complexes que réussies, nous plonger dans la torpeur d’une introspection douloureuse, afin de mieux nous briser à la fin. Avec  le souffle d’une techno parfois bourrine, nous labourer le crâne, et nous observer nous démener quand on écoute trop de leurs releases à la suite. À tous ceux qui se demandaient ce que pouvait bien être Stroboscopic  Artefacts, le timide Lucy répond ici humblement, en employant les mots d'un maître : « Quand ça fracasse, ça fracasse ». 

Saturday, April 21, 2012

Focus - Horse Opera, 3 Cornered Room




Il y a des fois, comme ça, on tombe sur des vieilles perles, alors qu’on a rien demandé. C’est vraiment inopiné, et d’autant plus agréable. J’aime plutôt bien Planet Mu, vous le savez sans doute désormais ; il se trouve qu’en déambulant sur le web je découvre un album d’un groupe inconnu, dont le nom du label dans la description retient mon attention. Plus encore, la date. Je savais que Planet Mu était vieux, mais ce doit probablement être une des plus vieilles sorties du répertoire sur laquelle j’ai mis la main - 1998. Ainsi, n’y allant pas par quatre chemins, je fondis sur ma proie, et me mit à l’écoute de ce 3 Cornered Room. Horse Opera étant un nom qui ne me disait rien, je pris la précaution de ne rien chercher sur internet concernant l’auteur de ce mystérieux LP. Pour que ressortent des albums plus de 10 ans après leur publication sur les sites de téléchargement, il faut qu’ils en vaillent la peine. Donc je vous avoue que ce n’était qu’une demie-surprise quand je me mis à réellement apprécier ce que j’entendis. À la manière d’un Luke Vibert de la première heure, ou proche parfois d’un AphexTwin période Analogue Bubblebath 3 par ses breakbeats affolants, c’est une IDM sérieuse et en même temps follement ralaxante que ce 3 Cornered Room nous délivre. Démarrant avec des beats glitch-hop, l’opus tourne rapidement à une musique plus expérimentale, avec des sons grinçants, irritants, pour ensuite revenir à une ambiance plus calme, proche d’un ambient plus classique (‘Goit’). On a eu le temps de caler des instrus rap et du Boards Of Canada dans le même album. Niveau cohérence de l’œuvre, c’est peut-être pas encore ça – et encore, ça se vaut largement en tant qu’album IDM-Beats. Si on a forcément vu mieux dans le genre, on ne peut être qu’impressionné devant le talent d’un Steven Taylor qui signe un album que n’auraient pas renié certains des plus grands (Jackson and His Computer Band, notamment). Sans être qualifiable de classique méconnu, il est évident que ce 3 Cornered Room est à la hauteur d’une foultitude d’albums du genre, et il s’inscrit parfaitement dans la lignée des grands albums d’IDM des années 90. Alors trouvez cet album, mettez le dans votre iPod, et passez un bon après-midi. 

Claro Intelecto - Reform Club




Mark Stewart, aka Claro Intelecto, est un des soldats de Modern Love, un de leurs guerriers si j'ose dire. Si ses débuts chez Ai Records l’ont tout de suite fait remarquer des plus fins diggers, il faudra cependant attendre son arrivée sur le label de Shlom pour que sa renommée soit faite. En effet, la série des Warehouse Sessions, maxis sublimes joignant un soupçon d’électro à une techno formatée pour le club, ainsi que son premier opus, Neurofibro, l’ont élevé au rang des plus talentueux contributeurs que la dub techno connaît actuellement. C’est donc en tant que maître en la matière que Claro Intelecto, en même temps qu’il s’est dirigé chez Delsin (signant au passage un très intéressant EP intitulé Second Blood), nous offre son dernier album, Reform Club.

Thursday, April 19, 2012

EP de la semaine (partie 2)


C'est une certitude, les garçons de chez Dement3d s’y connaissent en marketing. Sous couvert de se la jouer underground, ils ont réussi à se créer une petite flopée de groupies, avant même la signature d’un premier EP. Oui, Dement3d est ce label parisien qui est arrivé, on ne sait trop comment, à susciter un engouement autour de rien, ou plutôt autour de pas grand-chose. Se croire conceptuel avec des vidéos mystiques, des technologies arty, des noms imprononçables (DSCRD) ou ne référant à rien (3141592653589793238462), ce n’est pas vraiment sérieux pour un label. Mais avec le temps, les petits rien se sont accumulés, et le label prometteur s'est transformé en un label promu. Si tout Paris s’est enfin donné le mot il y a un peu plus d'un an, c’est surtout parce qu’ils ont réussi à faire venir jouer certains des plus beaux noms de l’électronique des dernières années (on pense à Sandwell District, Shackleton, Surgeon, Lucy, Prosumer) à leurs soirées éponymes au Social Club. D'où la fulgurance (relative) de leur notoriété. Relative parce que Dement3d a connu ses débuts en 2006. D’abord une doublette de passionnés (Heartbeat et François X) qui résidaient respectivement au Rex et au Djoon à l'époque, ils ont fini par inviter leurs compagnons de raves (SilicateDeeply Rooted House) à des évènements parisiens. Leur renommée en tant que label s’est ensuite faite avec les débuts du groupe DSCRD en live, un collectif qui débuta au sein même du collectif. Des débuts aussi foutoirs qu’inspirants d'ailleurs. Mais en juin 2011, les deux fondateurs et associés de longue date publient le premier EP de DSCRD, alors les seuls autres artistes du label. Et c’est excellent. Les cinq garçons signent un très très bon EP,  intitulé Discordance, à l’image de leur live - une prestation qui retient vraiment l’attention, j’ai gardé de bons souvenirs de ce concert aux côtés de Moritz Von Oswald Trio, attraction majeure d’une soirée qui fût mémorable, je vous le dis. Discordance est donc une perle, et on attendait plus qu'une chose, c'est que Dement3d remette le couvert. J'ai le plaisir de vous annoncer, jeunes gens, que c'est désormais chose faite, cette fois-ci avec Indirect Light,  premier EP de leur second groupe phare, Polar Inertia. Et croyez-moi, c’est tout aussi royal.


Julia Holter - Ekstasis





Qu’est-ce que l’œuvre d’un poète ou d’une poétesse ? Des recueils d’ephémères impressions, de sentiments incompris, la beauté d’un paragraphe, d‘une phrase, face à la maladresse de l’autre, la nostalgie face à la rancœur, l’aveu d’une idylle perdue, bref, le conte d’une vie dans toute son imperfection. De fait, quand Julia Holter, de son propre aveu, parle de ses chansons comme de poèmes, que faut-il en penser ? Son répertoire témoigne pourtant d’un lyrisme exotique, d’une sensibilité extrême, et exprime toute la mélancolie d’une âme perdue qui garde espoir. Il y a six mois, chez Leaving Records (notable offshoot d'Alpha Pup), Julia nous gratifiait d’un Tragedy inquiétant mais romanesque, avec un jeu d’ambiances saisissant. Une recueil de poèmes expérimental, ouvert par un magnifique ‘Try To Make Yourself  A Work Of Art’, et tout aussi galamment conclue par un ‘So Lilies’ et un  ‘Finale’ au poil. Après deux autres albums moins connus (Celebration chez EngravedGlass en 2008, Eating The Stars chez Sixteen Tambourines Records), Tragedy signait supposément le début du grand âge de Julia Holter. Avec un esprit semblable à celui de Brian Eno (qui a d’ailleurs invité le poète Rick Holland à poser ses textes sur son dernier album, Drums Between The Bells), l’acceuil reçu de la part de la presse spécialisée était plus qu’impressionnant, avec ce LP aux influences multiples et à la frontière de plusieurs genres qui laissait coi d’admiration les auditeurs de tous horizons. Aujourd’hui, sa pop-folk-ambient-new-wave-electronique-d’avant-garde revient pour nous enivrer de saveurs faussement orientales à nouveau, avec un nouveau long format intitulé Ekstasis, sorti Rvng Intl. (prononcez Revenge International). Mais comment trouver la tristesse et l’amertume des jours gris quand tout sourit à celle dont c’est l’âge d’or ? Est-elle de la veine des intemporels où le succès va-t-il gâter son talent ? 

Tuesday, April 17, 2012

EP de la semaine (partie 1)



Ann Aimee est un label des plus intéressants. Sous-label devrais-je dire, puisque c'est en réalité un rejeton du grand Delsin, mais un rejeton déjà très costaud, et assez riche. Je ne vous avais peut-être pas encore parlé de la mini-série d'EPs intitulée Inertia ? Et bien je vais réparer ce tort immédiatement. Ces compilations petit format furent au nombre de 4, et furent toutes publiées en l'an 2011. De qualité, elles me permirent de découvrir des ovnis comme Area Forty_One ou Ozka, au côté de bombes des monstres sacrés Peter Van Hoesen, Mike Denhert ou encore Roman Lindau. Tout cet amour de la techno partagé dans l'esprit le plus authentique, c'était vraiment une courte mais belle épopée que ces 4 various, épopée qui prit fin avec la sortie janvier 2012 d'un tout aussi beau mix de toutes ces perles par Delta Funktionen (lui aussi contributeur). Vous serez donc ravis d'apprendre qu'Ann Aimee, en plus des nombreux maxis hauts en couleur qu'elle a offert par le passé, sort ce mois-ci un EP de Sawlin, une valeur montante de la techno factory-style qui a elle aussi participé à l'expérience Inertia. Vous l'aurez peut-être découvert lors de sa collaboration avec Subjected lors des trois premiers Vault Series. En ce qui me concerne, ce fût dans un various assez étrange sur lequel figuraient Anne-James Chaton, Ancient Methods et Steven Porter (je n'y croyais pas mais je l'ai encore, à ma grande surprise). Tout ça (Mu EP en réalité) chez l'obscur 10 Label. Peu importe à vrai, car quoi qu'il en soit le nom - Sawlin - m'est resté, et quand j'ai trouvé aujourd'hui son tout nouvel EP, Techno Dumping, je n'ai pas hésité une seconde pour le prendre.



On pourrait croire que le maxi porte bien son nom. D'ailleurs à l'écoute des premières minutes de 'Boring Feels', la track d'introduction, on en est persuadé. Jusqu'à ce que les éléments ne prennent place. Très progressivement, bien entendu, on ne saurait presser de la bonne techno, mais le constat s'éloigne peu à peu de notre premier sentiment, et ce que l'on pensait être un matraquage en règle imminent se révèle être une berceuse faisant part égale à l'intelligence et à l'élégance. Ce rythme est juste plaqué ce qu'il faut pour nous tenir en haleine, mais on est plus caressé par les bruits métalliques d'arrière plan que l'on est assommé par le kick. Une atmosphère s'installe, un climat moite, une tension faible mais sensible, sans que l'on s'ennuie le moins du monde. Voilà 5 minutes que notre périple a commencé et on a désormais du mal à contenir notre excitement quand à la suite des hostilités. Cette fois-ci, c'est plus agressif, une musique de club plus assumée, mais rapidement on se rend compte que c'est à peine s'il nous martèle, car l'environnement qu'il crée autour de sa base rythmique enveloppe si bien celui-ci que la totalité peine à être qualifiée de "dure". C'est assez agréable en réalité, car Sawlin réussit à développer une techno puissante sans qu'elle nous arrache les tympans. Ce n'est pas de la dub techno non plus, c'est tout au plus une techno bien arrangée, avec de beaux effets de contours, et un sound design impeccable. 'Datamen Working' reprend les mêmes aspects, avec une basse totalement jouïssive, et un pied peut-être un peu plus dilué dans une masse mélodique plus complexe. Moins aguichant, mais toujours aussi bien géré, on regrette presque l'apparition des voix trafiquées et de ce lead aigu, trop communs, et appartenant (maintenant) plus au registre de la tech-house de bas-étage que de la techno quadraturée des pointures de chez Ann Aimee. Enfin, 'Neid Auf Vacuum', achève de nous emmener vers les chemins de la tech-house minimaliste, avec ce clap assez incisif, puis ce hi hat, et enfin, ces voix, une fois de plus de trop. Là où on peut lui reprocher de se rapprocher d'un genre un peu moins noble, on ne peut que le complimenter pour l'avoir fait avec classe, car une fois de plus, l'esprit dans lequel il fait ses sons est aussi louable que sa musique en elle-même, et presque tout ce qu'il fait est touché par la grâce.


Très loin du Techno Dumping annoncé, Sawlin réussit néanmoins un EP sublime, qui aura peut-e^tre le mérite de réconcilier les amateurs de techno purs avec leurs démons de la tech-house et de la minimale, ne serait-ce que pour un instant ; et on y trouve aussi bien des morceaux destinés aux raves parties, qu'à des soirées étudiantes (tout dépend desquelles bien entendu, et de quels étudiants vous fréquentez). Ainsi, il devance de peu Midland, qui a été over-plébiscité pour son Placement EP [AUS237], ou d'encore moins le mystérieux Caracal pour son Isle Brevelle [ACRE034], et devient ainsi l'EP de la semaine. Chapeau l'artiste.

Agenda - Fin Avril, Début Mai


L'agenda est de retour ! Et pour faire les choses bien, on va prévoir longtemps à l'avance. On va même aller plus loin, faisons tout à rebours. Les dates les plus tardives : le 6 Mai, la Concrete invite Rush Hour Recordings ! Tom Trago, Tevo Howard, San Proper et Conforce nous feront l'honneur de mixer au Montecosy pour une journée de fête qui s'annonce une fois de plus inoubliable. Le soir précédent, Benoit & Sergio, Tale Of Us, Jozif et Le Loup officieront au Cabaret Sauvage pour une ME.004 démentielle. Pas très loin, à Jaurès, Ivan Smagghe, Rebolledo et Chloé  raviront ceux qui iront choisi de venir au Point Ephémère. De quoi ravir tout le monde en un weekend.
Dans la semaine, le néant. Le lundi précédent, Barem est invité par Cosmic Cat Records. Pourquoi le lundi ? Parce que Mardi 1er Mai... Quant au lundi 7 suivant, le Rex remplira grâce à un line-up composé de Troy Pierce et Bruno Pronsato

Le weekend précédent pas grand-chose à se mettre sous la dent, mais le weekend du Samedi 21 Avril, alors là c'est débauche : le vendredi, Orbital au Nouveau Casino ou M_nus au Rex avec Gaiser et Heartthrob, tandis que Jesse Rose s'appropriera le Trabendo. Le lendemain c'est Disquaire Day à la Gaîté Lyrique, tandis qu'au crépuscule Apparat présentera sa formation groupée à La Machine. Enfin la nuit tombée vous aurez le choix entre Soundstream accompagné des troupes de mon bar préféré le Udo et du Zéro Zéro au Point Éphémère ; et la massive ME.003, avec Âme, Dixon, Pantha du Prince et Efdemin au line-up. Un choix qui paraît évident si on s'est muni de places... Mais qui devient compliqué sinon. Pour faciliter les choses, on va y rajouter Blawan - The Hacker - Gesaffelstein au Social, Marcus Meinhardt à la Java, ou encore Cesare vs Disorder au Batofar. Comme ça, vous serez bien obligé d'atterrir quelque part.

En matière de concerts, ne pas oublier le festival Keep Portland Weird à la Gaîté Lyrique, la semaine du 23 au 29 avril. Celui-ci rend hommage à la ville la plus indie d'Amérique depuis l'aube des années 2000. Concerts, conférences, projections, ne vous avisez pas de manquer ce petit détour par l'Oregon, une exotique escapade dans le pays le plus standardisé du monde. La même semaine, Kendrick Lamar au Bataclan le 28 et Daedelus et James Pants au Trabendo le 26. Comme quoi on peut traîner dans le milieu hip hop et trouver de bonnes sorties à Paris.
Enfin, préparez vos billets, fin mai, c'est la Villette Sonique... Et cette fois-ci on rigole plus. En témoigne la soirée d'inauguration le Vendredi 25 avec Flying Lotus, MF Doom, et Shabazz Palaces. Que du lourd. Sont aussi attendus : Egyptology, François K, Pearson Sound, Plein Soleil, DJ Rashad & DJ Spinn, Gilb'r, Joakim, I:Cube, John Talabot, Ital, Julia Holter, Tristesse Contemporaine... Je vous fais pas un dessin. Alors armez-vous de vos cartes bleues, et à bientôt !

Sunday, April 8, 2012

Compilation de la semaine



http://www.ramprecordings.com/



Cette semaine, ce n'est effectivement pas un EP, mais une compile, dont je fais l'éloge. Le label anglais Ramp Recodings, parent des inétressants offshoots Fourth Wave, Brainmaths, et Pattern, nous offre, pour célébrer sa 50ème release, 17 pistes de bonheur électronique, allant du dubstep le plus profond aux délires électro les plus barrés. Je suis conscient qu'il est dans mes habitudes de préférer des inédits à des re-releases ou des compilations de morceaux déjà sortis, mais la présence de bon nombre de tracks sorties chez le vinyl-only Brainmath m'oblige à parler de cette release. Elle vaut le coup d'oeil. Retour sur RAMP 50.


Friday, April 6, 2012

Focus - Label : Auxiliary


http://theasc.blogspot.com/

James Clements est un surhomme. Quelques années déjà dans le monde de la musique, une bonne quinzaine en fait, mais qu’importe, cela ne justifie en rien un tel talent. Avec une discographie comme pas deux, ASC est le genre d’artiste qui a su évoluer dans toutes les conditions, avec et sans label, dans différents pays, et plus incroyable encore, qui manie les genres musicaux avec une aisance rare. Rien que cette année, ses différentes publications ont été de la techno à la drum’n’bass en passant par l’ambient. Au mois d’avril, il a déjà participé à 5 releases, dont un album dont il est co-auteur. Et si cela ne vous impressionne toujours pas, sachez qu’elles valent toutes d’être achetées : non content d’être un stakhanoviste musical, ASC a décidé d’être excellent dans presque tout ce qu’il fait. Tous les genres, tous les formats, tout est bon, et même très bon. Nombreux sont ceux qui l’ont découvert avec le LP Nothing Is Certain, sorti en 2010 chez Nonplus Records, un autre de mes répertoires favoris. Cet album n’est qu’une page d’un roman commencé en 1997, et dont le personnage central est d’une complexité alarmante, mais touche au génie.


Wednesday, April 4, 2012

Fort Romeau - Kingdoms



Fort Romeau, contrairement à ce qu’il y paraît, n’est pas français. En réalité derrière ce pseudonyme francophone se cache un énième music-maker d’outre-manche, un compositeur roastbeef, et rouge jusqu’aux oreilles. Mais ce pseudonyme, ce nom d’artiste, a sa raison d’être : la philosophie musicale de Mike Norris est très continentale, si l’on veut excepter la mention française. Ami d’enfance d’Alan Myson (l’homme derrière Ital Tek), il est en fait au sein du groupe de tournée de La Roux depuis 2008. Voilà bien des renseignements qui ne situent pas un homme, ni ne le posent, et qui peut-être au contraire l’amoindrissent : effectivement, si on en a rien à foutre de la rousse, on peut alors légitimement se demander quelle raison j’aurais de faire part de ce détail peu glorieux, et tout au plus inintéressant? La raison, tas d’incultes fainéants, est que cela permet de mieux mettre en valeur son premier LP, Kingdoms, sorti la semaine passée, et qui est, s’en faut peu, une perle, tout simplement. Ou comment désamorcer tous les présupposés.