Sunday, April 22, 2012

EP de la semaine (partie 3)




J’ai l’impression d’être déjà revenu cent fois sur cette histoire. En si peu de temps. Stroboscopic Artefacts, mythe nouveau de la techno sans concession, épopée contemporaine de quelques bâtisseurs de cathédrales sonores, celle de ces défenseurs d’une cause noble, l’expérimentalisme de la techno. Éthique sévère, esthétique froide, mais défenseurs visionnaires, pleins d’âme et de grandeur dans leur art. C’est la montée en puissance en moins de trois ans d’un label qui ne promettait rien, la reconnaissance internationale qui s’en suivit, l’adulation et l’idôlatrie quasi religieuses de ses admirateurs, et une estime souvent aussi grande que pour l’ogre Ostgut Tonträger. Avec un parcours semblable à celui d'Horizontal Ground ou encore Sandwell Distrcit (bien que leurs politiques de vente et de communication soient très très différentes), Stroboscopic Artefacts s’est octroyé une  place sur le podium des labels de techno les plus éminents du continent quand il s'agit de la section « expérimentale ». Grâce à des albums comme le Wordplay for Working Bees de Lucy, ou Sword de Xhin, SA a fait tourner les yeux de la planète entière vers son collectif métissé et intransigeant. Allemands, Italiens, Japonais, Argentins, Hollandais, les artistes de SA ont su se trouver une vision commune dans une techno assez industrielle (cf. Wordplay for Working Bees), parfois très abstraite (cf. Sword), et surtout dévastatatrice, comme une simple écoute de la série des Monad peut en attester. Éduqués aussi bien par l’école de Basic Channel que par celle de Underground Resistance, les jeunots n’ont eu peur de rien. Ils sont partis directement le plus loin possible dans leur volonté de créer quelque chose d’unique. Sans aucune hésitation, Luca Mortellaro a ouvert une voie pour tout ce beau monde, dès 2009. Aujourd’hui il vient de signer un énième EP, qui se trouve être la plus récente release de la maison. Banality Of Evil est un pur produit Stroboscopic Artefacts, et laissez moi vous expliquer pourquoi.



Le thème abordé – l’étude scientifique du conformisme, et l’analyse philosophique à la Arendt – l’est peut-être avec assez peu de subtilité. Les titres, évidents, en deviennent presque drôles, mais c’est là qu’il faut chercher le talent de l’italien. C’est peut-être au contraire avec cette évidence qu’il réussit à nous émouvoir et à nous inquiéter. En mentionnant ce à quoi sa musique réfère, il place dans un cadre infiniment plus sombre l’écoute de son maxi. Chacun est familier avec les théories de Milgram et d’Asch, et à l’expérience des prisonniers de Stanford. Ainsi on entre dans cet EP par une inquiétante collaboration avec Roll The Dice, un ‘Superior Orders‘ qui donne le ton. Un jeu sur la synthèse sonore, avec ses bleeps en forme de cloche qui retentissent dans nos oreilles, on est happé par la récurrence mécanique de cette note pédale qui vous donne bientôt le tournis. Peu à peu les éléments, innombrables, se mettent place, un fourmillement d’effets vient perturber l’exaspérant métronome. Vous n’êtes qu’un pion sur cet immense échiquier, qu’un boulon dans la gigantesque machine, et on vous le fait sentir. Arrive ‘Stanford Prison’, l’expérience bien connue est évoquée par une techno aérienne, superficielle et assez peu dispendieuse. On reste au-dessus de la saleté de l’âme humaine, on est pas suffisamment touché par le dégoûtque l’on éprouve pour notre espèce, pas vraiment corrompus par nos vicissitudes. Planant, ‘Stanford Prison’ reste cependant un bel exemple de techno à la Strobsocopic Artefacts, rugueuse juste ce qu’il faut, avec une architecture sonore qui a dû demander bien du travail aux ingés son du label. Enfin, ‘Milgram Experiment’, le morceau phare, est une expérimentale délicieuse jouant autour de quatre notes d’un synthé émulant le pluck une guitare sordide et entêtante. Inlassablement, ces quatre notes vont nous ensorceler, avec ce corrosif bruit de fond, ces voix lointaines, et ce brown noise qui prend toujours plus d’ampleur. Bientôt, l’atmosphère pesante devient crispante. et la tension, à son comble, vous fait transpirer. Arrive enfin ‘Asch Paradigm’, ambient malsaine, qui semble jouir de notre désolation, du dégoût profond que l’on a pour soi lorsqu’on réalise qu’on a franchi la dernière limite, qu'on a commis l’irréparable, l’inhumain.



Lucy a terminé son travail. La mécanique de la hiérarchie ne vous a rien épargné. Il vous a fait suivre les ordres. Suivre la cadence infernale. Continuer dans le chemin de l’ignoble. Persévérer dans l’atrocité. Et se perdre en chemin. C’est court, intense, et cela, à défaut d’être une de leurs meilleures releases (c’est déjà beaucoup dire sur la qualité du label en général), définit Stroboscopic Artefacts : avec une esthétique raffinée, nous emmener voir les tréfonds de nos âmes, là où nos sentiments les plus vils se cachent. Avec des architectures sonores aussi complexes que réussies, nous plonger dans la torpeur d’une introspection douloureuse, afin de mieux nous briser à la fin. Avec  le souffle d’une techno parfois bourrine, nous labourer le crâne, et nous observer nous démener quand on écoute trop de leurs releases à la suite. À tous ceux qui se demandaient ce que pouvait bien être Stroboscopic  Artefacts, le timide Lucy répond ici humblement, en employant les mots d'un maître : « Quand ça fracasse, ça fracasse ». 

Saturday, April 21, 2012

Focus - Horse Opera, 3 Cornered Room




Il y a des fois, comme ça, on tombe sur des vieilles perles, alors qu’on a rien demandé. C’est vraiment inopiné, et d’autant plus agréable. J’aime plutôt bien Planet Mu, vous le savez sans doute désormais ; il se trouve qu’en déambulant sur le web je découvre un album d’un groupe inconnu, dont le nom du label dans la description retient mon attention. Plus encore, la date. Je savais que Planet Mu était vieux, mais ce doit probablement être une des plus vieilles sorties du répertoire sur laquelle j’ai mis la main - 1998. Ainsi, n’y allant pas par quatre chemins, je fondis sur ma proie, et me mit à l’écoute de ce 3 Cornered Room. Horse Opera étant un nom qui ne me disait rien, je pris la précaution de ne rien chercher sur internet concernant l’auteur de ce mystérieux LP. Pour que ressortent des albums plus de 10 ans après leur publication sur les sites de téléchargement, il faut qu’ils en vaillent la peine. Donc je vous avoue que ce n’était qu’une demie-surprise quand je me mis à réellement apprécier ce que j’entendis. À la manière d’un Luke Vibert de la première heure, ou proche parfois d’un AphexTwin période Analogue Bubblebath 3 par ses breakbeats affolants, c’est une IDM sérieuse et en même temps follement ralaxante que ce 3 Cornered Room nous délivre. Démarrant avec des beats glitch-hop, l’opus tourne rapidement à une musique plus expérimentale, avec des sons grinçants, irritants, pour ensuite revenir à une ambiance plus calme, proche d’un ambient plus classique (‘Goit’). On a eu le temps de caler des instrus rap et du Boards Of Canada dans le même album. Niveau cohérence de l’œuvre, c’est peut-être pas encore ça – et encore, ça se vaut largement en tant qu’album IDM-Beats. Si on a forcément vu mieux dans le genre, on ne peut être qu’impressionné devant le talent d’un Steven Taylor qui signe un album que n’auraient pas renié certains des plus grands (Jackson and His Computer Band, notamment). Sans être qualifiable de classique méconnu, il est évident que ce 3 Cornered Room est à la hauteur d’une foultitude d’albums du genre, et il s’inscrit parfaitement dans la lignée des grands albums d’IDM des années 90. Alors trouvez cet album, mettez le dans votre iPod, et passez un bon après-midi. 

Claro Intelecto - Reform Club




Mark Stewart, aka Claro Intelecto, est un des soldats de Modern Love, un de leurs guerriers si j'ose dire. Si ses débuts chez Ai Records l’ont tout de suite fait remarquer des plus fins diggers, il faudra cependant attendre son arrivée sur le label de Shlom pour que sa renommée soit faite. En effet, la série des Warehouse Sessions, maxis sublimes joignant un soupçon d’électro à une techno formatée pour le club, ainsi que son premier opus, Neurofibro, l’ont élevé au rang des plus talentueux contributeurs que la dub techno connaît actuellement. C’est donc en tant que maître en la matière que Claro Intelecto, en même temps qu’il s’est dirigé chez Delsin (signant au passage un très intéressant EP intitulé Second Blood), nous offre son dernier album, Reform Club.

Thursday, April 19, 2012

EP de la semaine (partie 2)


C'est une certitude, les garçons de chez Dement3d s’y connaissent en marketing. Sous couvert de se la jouer underground, ils ont réussi à se créer une petite flopée de groupies, avant même la signature d’un premier EP. Oui, Dement3d est ce label parisien qui est arrivé, on ne sait trop comment, à susciter un engouement autour de rien, ou plutôt autour de pas grand-chose. Se croire conceptuel avec des vidéos mystiques, des technologies arty, des noms imprononçables (DSCRD) ou ne référant à rien (3141592653589793238462), ce n’est pas vraiment sérieux pour un label. Mais avec le temps, les petits rien se sont accumulés, et le label prometteur s'est transformé en un label promu. Si tout Paris s’est enfin donné le mot il y a un peu plus d'un an, c’est surtout parce qu’ils ont réussi à faire venir jouer certains des plus beaux noms de l’électronique des dernières années (on pense à Sandwell District, Shackleton, Surgeon, Lucy, Prosumer) à leurs soirées éponymes au Social Club. D'où la fulgurance (relative) de leur notoriété. Relative parce que Dement3d a connu ses débuts en 2006. D’abord une doublette de passionnés (Heartbeat et François X) qui résidaient respectivement au Rex et au Djoon à l'époque, ils ont fini par inviter leurs compagnons de raves (SilicateDeeply Rooted House) à des évènements parisiens. Leur renommée en tant que label s’est ensuite faite avec les débuts du groupe DSCRD en live, un collectif qui débuta au sein même du collectif. Des débuts aussi foutoirs qu’inspirants d'ailleurs. Mais en juin 2011, les deux fondateurs et associés de longue date publient le premier EP de DSCRD, alors les seuls autres artistes du label. Et c’est excellent. Les cinq garçons signent un très très bon EP,  intitulé Discordance, à l’image de leur live - une prestation qui retient vraiment l’attention, j’ai gardé de bons souvenirs de ce concert aux côtés de Moritz Von Oswald Trio, attraction majeure d’une soirée qui fût mémorable, je vous le dis. Discordance est donc une perle, et on attendait plus qu'une chose, c'est que Dement3d remette le couvert. J'ai le plaisir de vous annoncer, jeunes gens, que c'est désormais chose faite, cette fois-ci avec Indirect Light,  premier EP de leur second groupe phare, Polar Inertia. Et croyez-moi, c’est tout aussi royal.


Julia Holter - Ekstasis





Qu’est-ce que l’œuvre d’un poète ou d’une poétesse ? Des recueils d’ephémères impressions, de sentiments incompris, la beauté d’un paragraphe, d‘une phrase, face à la maladresse de l’autre, la nostalgie face à la rancœur, l’aveu d’une idylle perdue, bref, le conte d’une vie dans toute son imperfection. De fait, quand Julia Holter, de son propre aveu, parle de ses chansons comme de poèmes, que faut-il en penser ? Son répertoire témoigne pourtant d’un lyrisme exotique, d’une sensibilité extrême, et exprime toute la mélancolie d’une âme perdue qui garde espoir. Il y a six mois, chez Leaving Records (notable offshoot d'Alpha Pup), Julia nous gratifiait d’un Tragedy inquiétant mais romanesque, avec un jeu d’ambiances saisissant. Une recueil de poèmes expérimental, ouvert par un magnifique ‘Try To Make Yourself  A Work Of Art’, et tout aussi galamment conclue par un ‘So Lilies’ et un  ‘Finale’ au poil. Après deux autres albums moins connus (Celebration chez EngravedGlass en 2008, Eating The Stars chez Sixteen Tambourines Records), Tragedy signait supposément le début du grand âge de Julia Holter. Avec un esprit semblable à celui de Brian Eno (qui a d’ailleurs invité le poète Rick Holland à poser ses textes sur son dernier album, Drums Between The Bells), l’acceuil reçu de la part de la presse spécialisée était plus qu’impressionnant, avec ce LP aux influences multiples et à la frontière de plusieurs genres qui laissait coi d’admiration les auditeurs de tous horizons. Aujourd’hui, sa pop-folk-ambient-new-wave-electronique-d’avant-garde revient pour nous enivrer de saveurs faussement orientales à nouveau, avec un nouveau long format intitulé Ekstasis, sorti Rvng Intl. (prononcez Revenge International). Mais comment trouver la tristesse et l’amertume des jours gris quand tout sourit à celle dont c’est l’âge d’or ? Est-elle de la veine des intemporels où le succès va-t-il gâter son talent ? 

Tuesday, April 17, 2012

EP de la semaine (partie 1)



Ann Aimee est un label des plus intéressants. Sous-label devrais-je dire, puisque c'est en réalité un rejeton du grand Delsin, mais un rejeton déjà très costaud, et assez riche. Je ne vous avais peut-être pas encore parlé de la mini-série d'EPs intitulée Inertia ? Et bien je vais réparer ce tort immédiatement. Ces compilations petit format furent au nombre de 4, et furent toutes publiées en l'an 2011. De qualité, elles me permirent de découvrir des ovnis comme Area Forty_One ou Ozka, au côté de bombes des monstres sacrés Peter Van Hoesen, Mike Denhert ou encore Roman Lindau. Tout cet amour de la techno partagé dans l'esprit le plus authentique, c'était vraiment une courte mais belle épopée que ces 4 various, épopée qui prit fin avec la sortie janvier 2012 d'un tout aussi beau mix de toutes ces perles par Delta Funktionen (lui aussi contributeur). Vous serez donc ravis d'apprendre qu'Ann Aimee, en plus des nombreux maxis hauts en couleur qu'elle a offert par le passé, sort ce mois-ci un EP de Sawlin, une valeur montante de la techno factory-style qui a elle aussi participé à l'expérience Inertia. Vous l'aurez peut-être découvert lors de sa collaboration avec Subjected lors des trois premiers Vault Series. En ce qui me concerne, ce fût dans un various assez étrange sur lequel figuraient Anne-James Chaton, Ancient Methods et Steven Porter (je n'y croyais pas mais je l'ai encore, à ma grande surprise). Tout ça (Mu EP en réalité) chez l'obscur 10 Label. Peu importe à vrai, car quoi qu'il en soit le nom - Sawlin - m'est resté, et quand j'ai trouvé aujourd'hui son tout nouvel EP, Techno Dumping, je n'ai pas hésité une seconde pour le prendre.



On pourrait croire que le maxi porte bien son nom. D'ailleurs à l'écoute des premières minutes de 'Boring Feels', la track d'introduction, on en est persuadé. Jusqu'à ce que les éléments ne prennent place. Très progressivement, bien entendu, on ne saurait presser de la bonne techno, mais le constat s'éloigne peu à peu de notre premier sentiment, et ce que l'on pensait être un matraquage en règle imminent se révèle être une berceuse faisant part égale à l'intelligence et à l'élégance. Ce rythme est juste plaqué ce qu'il faut pour nous tenir en haleine, mais on est plus caressé par les bruits métalliques d'arrière plan que l'on est assommé par le kick. Une atmosphère s'installe, un climat moite, une tension faible mais sensible, sans que l'on s'ennuie le moins du monde. Voilà 5 minutes que notre périple a commencé et on a désormais du mal à contenir notre excitement quand à la suite des hostilités. Cette fois-ci, c'est plus agressif, une musique de club plus assumée, mais rapidement on se rend compte que c'est à peine s'il nous martèle, car l'environnement qu'il crée autour de sa base rythmique enveloppe si bien celui-ci que la totalité peine à être qualifiée de "dure". C'est assez agréable en réalité, car Sawlin réussit à développer une techno puissante sans qu'elle nous arrache les tympans. Ce n'est pas de la dub techno non plus, c'est tout au plus une techno bien arrangée, avec de beaux effets de contours, et un sound design impeccable. 'Datamen Working' reprend les mêmes aspects, avec une basse totalement jouïssive, et un pied peut-être un peu plus dilué dans une masse mélodique plus complexe. Moins aguichant, mais toujours aussi bien géré, on regrette presque l'apparition des voix trafiquées et de ce lead aigu, trop communs, et appartenant (maintenant) plus au registre de la tech-house de bas-étage que de la techno quadraturée des pointures de chez Ann Aimee. Enfin, 'Neid Auf Vacuum', achève de nous emmener vers les chemins de la tech-house minimaliste, avec ce clap assez incisif, puis ce hi hat, et enfin, ces voix, une fois de plus de trop. Là où on peut lui reprocher de se rapprocher d'un genre un peu moins noble, on ne peut que le complimenter pour l'avoir fait avec classe, car une fois de plus, l'esprit dans lequel il fait ses sons est aussi louable que sa musique en elle-même, et presque tout ce qu'il fait est touché par la grâce.


Très loin du Techno Dumping annoncé, Sawlin réussit néanmoins un EP sublime, qui aura peut-e^tre le mérite de réconcilier les amateurs de techno purs avec leurs démons de la tech-house et de la minimale, ne serait-ce que pour un instant ; et on y trouve aussi bien des morceaux destinés aux raves parties, qu'à des soirées étudiantes (tout dépend desquelles bien entendu, et de quels étudiants vous fréquentez). Ainsi, il devance de peu Midland, qui a été over-plébiscité pour son Placement EP [AUS237], ou d'encore moins le mystérieux Caracal pour son Isle Brevelle [ACRE034], et devient ainsi l'EP de la semaine. Chapeau l'artiste.

Agenda - Fin Avril, Début Mai


L'agenda est de retour ! Et pour faire les choses bien, on va prévoir longtemps à l'avance. On va même aller plus loin, faisons tout à rebours. Les dates les plus tardives : le 6 Mai, la Concrete invite Rush Hour Recordings ! Tom Trago, Tevo Howard, San Proper et Conforce nous feront l'honneur de mixer au Montecosy pour une journée de fête qui s'annonce une fois de plus inoubliable. Le soir précédent, Benoit & Sergio, Tale Of Us, Jozif et Le Loup officieront au Cabaret Sauvage pour une ME.004 démentielle. Pas très loin, à Jaurès, Ivan Smagghe, Rebolledo et Chloé  raviront ceux qui iront choisi de venir au Point Ephémère. De quoi ravir tout le monde en un weekend.
Dans la semaine, le néant. Le lundi précédent, Barem est invité par Cosmic Cat Records. Pourquoi le lundi ? Parce que Mardi 1er Mai... Quant au lundi 7 suivant, le Rex remplira grâce à un line-up composé de Troy Pierce et Bruno Pronsato

Le weekend précédent pas grand-chose à se mettre sous la dent, mais le weekend du Samedi 21 Avril, alors là c'est débauche : le vendredi, Orbital au Nouveau Casino ou M_nus au Rex avec Gaiser et Heartthrob, tandis que Jesse Rose s'appropriera le Trabendo. Le lendemain c'est Disquaire Day à la Gaîté Lyrique, tandis qu'au crépuscule Apparat présentera sa formation groupée à La Machine. Enfin la nuit tombée vous aurez le choix entre Soundstream accompagné des troupes de mon bar préféré le Udo et du Zéro Zéro au Point Éphémère ; et la massive ME.003, avec Âme, Dixon, Pantha du Prince et Efdemin au line-up. Un choix qui paraît évident si on s'est muni de places... Mais qui devient compliqué sinon. Pour faciliter les choses, on va y rajouter Blawan - The Hacker - Gesaffelstein au Social, Marcus Meinhardt à la Java, ou encore Cesare vs Disorder au Batofar. Comme ça, vous serez bien obligé d'atterrir quelque part.

En matière de concerts, ne pas oublier le festival Keep Portland Weird à la Gaîté Lyrique, la semaine du 23 au 29 avril. Celui-ci rend hommage à la ville la plus indie d'Amérique depuis l'aube des années 2000. Concerts, conférences, projections, ne vous avisez pas de manquer ce petit détour par l'Oregon, une exotique escapade dans le pays le plus standardisé du monde. La même semaine, Kendrick Lamar au Bataclan le 28 et Daedelus et James Pants au Trabendo le 26. Comme quoi on peut traîner dans le milieu hip hop et trouver de bonnes sorties à Paris.
Enfin, préparez vos billets, fin mai, c'est la Villette Sonique... Et cette fois-ci on rigole plus. En témoigne la soirée d'inauguration le Vendredi 25 avec Flying Lotus, MF Doom, et Shabazz Palaces. Que du lourd. Sont aussi attendus : Egyptology, François K, Pearson Sound, Plein Soleil, DJ Rashad & DJ Spinn, Gilb'r, Joakim, I:Cube, John Talabot, Ital, Julia Holter, Tristesse Contemporaine... Je vous fais pas un dessin. Alors armez-vous de vos cartes bleues, et à bientôt !

Sunday, April 8, 2012

Compilation de la semaine



http://www.ramprecordings.com/



Cette semaine, ce n'est effectivement pas un EP, mais une compile, dont je fais l'éloge. Le label anglais Ramp Recodings, parent des inétressants offshoots Fourth Wave, Brainmaths, et Pattern, nous offre, pour célébrer sa 50ème release, 17 pistes de bonheur électronique, allant du dubstep le plus profond aux délires électro les plus barrés. Je suis conscient qu'il est dans mes habitudes de préférer des inédits à des re-releases ou des compilations de morceaux déjà sortis, mais la présence de bon nombre de tracks sorties chez le vinyl-only Brainmath m'oblige à parler de cette release. Elle vaut le coup d'oeil. Retour sur RAMP 50.


Friday, April 6, 2012

Focus - Label : Auxiliary


http://theasc.blogspot.com/

James Clements est un surhomme. Quelques années déjà dans le monde de la musique, une bonne quinzaine en fait, mais qu’importe, cela ne justifie en rien un tel talent. Avec une discographie comme pas deux, ASC est le genre d’artiste qui a su évoluer dans toutes les conditions, avec et sans label, dans différents pays, et plus incroyable encore, qui manie les genres musicaux avec une aisance rare. Rien que cette année, ses différentes publications ont été de la techno à la drum’n’bass en passant par l’ambient. Au mois d’avril, il a déjà participé à 5 releases, dont un album dont il est co-auteur. Et si cela ne vous impressionne toujours pas, sachez qu’elles valent toutes d’être achetées : non content d’être un stakhanoviste musical, ASC a décidé d’être excellent dans presque tout ce qu’il fait. Tous les genres, tous les formats, tout est bon, et même très bon. Nombreux sont ceux qui l’ont découvert avec le LP Nothing Is Certain, sorti en 2010 chez Nonplus Records, un autre de mes répertoires favoris. Cet album n’est qu’une page d’un roman commencé en 1997, et dont le personnage central est d’une complexité alarmante, mais touche au génie.


Wednesday, April 4, 2012

Fort Romeau - Kingdoms



Fort Romeau, contrairement à ce qu’il y paraît, n’est pas français. En réalité derrière ce pseudonyme francophone se cache un énième music-maker d’outre-manche, un compositeur roastbeef, et rouge jusqu’aux oreilles. Mais ce pseudonyme, ce nom d’artiste, a sa raison d’être : la philosophie musicale de Mike Norris est très continentale, si l’on veut excepter la mention française. Ami d’enfance d’Alan Myson (l’homme derrière Ital Tek), il est en fait au sein du groupe de tournée de La Roux depuis 2008. Voilà bien des renseignements qui ne situent pas un homme, ni ne le posent, et qui peut-être au contraire l’amoindrissent : effectivement, si on en a rien à foutre de la rousse, on peut alors légitimement se demander quelle raison j’aurais de faire part de ce détail peu glorieux, et tout au plus inintéressant? La raison, tas d’incultes fainéants, est que cela permet de mieux mettre en valeur son premier LP, Kingdoms, sorti la semaine passée, et qui est, s’en faut peu, une perle, tout simplement. Ou comment désamorcer tous les présupposés.


Monday, April 2, 2012

EP de la semaine



Je dois bien admettre que je ne l'ai pas vu venir. En plus, face à Dream Continuum, Morphosis, Ekoplekz ou encore Tevo Howard, la concurrence était rude. Mais contre toute attente, il s'est imposé. Oui, c'est un petit nouveau qui est aujourd'hui (comme souvent par la suite, je l'espère) révélé en tant qu'EP de la semaine. Un jeune anglais de 20 ans, qui se sert sans doute d'un pseudonyme, et non pas de son vrai nom. Il a fallu attendre qu'il signe ce maxi chez Delsin pour que je m'intéresse à lui. Peut-être que vous aussi. Pourtant, Gerry Read vaut le détour. Une triplette d'EPs chez le très UK Fourth Wave, deux autres chez 2nd Drop Records, puis un directement chez Ramp Recordings, un self-released, sans oublier le tout premier chez Dark Arx, c'est au total 8 releases, toutes en 2011, et toutes de qualité, que ce bambin de la techno avait déjà produites. Plus très bambin, en fait, et peut-être pas trop techno non plus d'ailleurs. On ne sait pas trop avec lui. Et c'est précisément ce qu'on aime.

Yeh Come Dance est une escapade entre Chicago, Detroit, et le revival londonnien des deux sphères (vu les sonorités de la house anglaise actuelle). On pense autant aux sons de Ben UFO qu'à ceux d'Omar-S, c'est vous dire. Pas vraiment une réappropriation, un peu plus qu'un hommage, on est en réalité surpris de voir l'authenticité de la facture de sons qui nous rappellent ceux sortis il y a 20 ans. Il y a beaucoup de naturel dans l'inlassable répétition de ces pieds très attaqués, ces snares aigus et accentués, ce souffle numérique presque trop gras, et tout le vintage du beat est reproduit. Mais justement pas à la perfection, ce qui permet à Read d'insuffler sa propre énergie après coup, avec cette profonde nappe de synthé chez 'Yeh Come Dance', ces toms tribaux chez 'Crooked', ou ces filtres dans 'Crawlspace'. On se rapproche alors doucement d'une house plus contemporaine, qui contraste des passages à vides présents dans chaque morceau, où seul le beat, agressif, fait office d'instru.


Chaque morceau est intéressant en cela qu'ils sont chacun une formule différente de la combinaison house actuelle/vieilles sonorités techno, et cela ne manque jamais de claquer. Notons tout de même qu'en terme d'influence "techno de Detroit", le bpm ne va pas au-delà de 130 de tout l'EP, et l'esthétique est plutôt minimaliste. De quoi calmer les ardeurs des fans de Metroplex. Mais par exemple, l'attente avant le sévère kick chez 'Crooked' nous place carrément dans l'atmosphère d'une boîte des nineties. Seules les voix désarticulées qui surplombent le morceau nous ramènent à notre époque. Petite mention pour 'Bozza', qui aurait plus sa place dans un live, avec plus de temps pour savourer la variation, mais bel exercice de style autour d'une influence bossa. Plus prétendue que réelle, cette inspiration, d'ailleurs, m'enfin bon, là n'est pas le propos, car le morceau est loin d'être aussi lassant que prévu avec un tel beat, et procure du charme à un EP déjà assez à son avantage.  Pour finir, c'est une belle découverte que ce Gerry Read, artiste qui ne nous intrigue plus que pour une seule raison finalement : qu'est-ce qu'un mec aussi funky vient foutre chez Delsin ? Ah, on me dit qu'ils vont s'orienter vers de la house ? Bon. À part ça, voilà une belle galette qui ne mange pas de pain, pour épater vos potes en soirée, ou à passer dans le bar du coin, mais si, tu sais bien, celui où tu viens faire chier tout le monde avec tes vinyles, et où tu mixes dès que le patron préfère entendre tes sons au son de ta voix. Allez, bisous.